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par l’amour. Mais bien peu ont essayé de donner une solution générale et vraiment pratique. Nous devons seulement relever l’idée originale de Mme E. A. C. dans la brochure que nous avons déjà citée : la Femme, c’est la famille. Les filles publiques, dit celle-ci, étant reconnues nécessaires, on devrait les honorer, non les mépriser. Mais, pour qu’il en puisse être ainsi, il faut les dégager de tous les soins domestiques, leur donner une éducation qui « forme leur jugement et orne leur esprit », le tout aux frais de l’État. Leur mission sera alors « vraiment sainte », car elles seront " le refuge des affligés ». Si bizarre que cette conception paraisse, elle a été bien souvent réalisée, depuis les courtisanes sacrées de Babylone et les bayadères de l’Inde jusqu’aux mousmés des Yoshivaras japonais, instruites dans la littérature et excellant dans tous les arts, jusqu’à ces courtisanes grecques, les seules femmes, au dire de Démosthène, avec qui un homme cultivé pût avoir un commerce intellectuel.