Page:Abensour - Le Féminisme sous le règne de Louis-Philippe et en 1848, 1913.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

losophie saint-simonienne contenait deux autres principes d’où devait découler tout aussi logiquement l’idée de l’affranchissement des femmes. Le saint-simonisme veut en effet, selon une expression bien souvent employée par ses orateurs, « faire cesser l’exploitation de l’homme par l’homme » et tout ce qui, de près ou de loin, rappelle les mœurs brutales du moyen âge ; or, l’assujettissement de la femme, comme celui du prolétaire, est un vestige de cette antique barbarie. Ils doivent donc l’un et l’autre disparaître. Enfin, la religion saint-simonienne accorde à l’amour une place prépondérante. « L’amour, dit Enfantin[1], c’est la vie dans son unité… l’intelligence, la force ne sont que des modes de sa manifestation… toute théorie, toute pratique émanent de l’amour et remontent à lui. » En conséquence, ajoute-t-il, « les hommes en qui l’amour est dominant sont donc naturellement les chefs de la société[2] », et les femmes chez qui les qualités affectives sont

  1. Enfantin, Exposé de la religion saint-simonienne, p. 120
  2. Ibid. (loc. cit.).