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montrer, il ne sera pas inutile de donner ici un aperçu de la métaphysique saint-simonienne.

La philosophie de Saint-Simon, flétrie par certains de ses contemporains du nom d’athéisme et qu’il aurait été plus juste d’appeler panthéisme, est en réalité, selon le terme employé aujourd’hui, une doctrine moniste : « Dieu est un, dit Enfantin[1], — Dieu est tout ce qui est… tout est en lui… Dieu se manifeste à nous comme esprit et comme matière… comme intelligence et comme force, comme sagesse et comme beauté. » Partant de ce principe, il est impossible de considérer avec les spiritualistes l’esprit et la matière comme deux entités distinctes ; pour Saint-Simon, pour Enfantin et leurs disciples, l’esprit et la matière ne sont que « deux aspects de l’existence infinie ou finie, deux abstractions principales à l’aide desquelles… nous divisons l’unité pour la comprendre[2] ». S’il en est ainsi, poursuit Enfantin,

  1. Enfantin, Exposé de la doctrine saint-simonienne, p. 100.
  2. Ibid., p. 100.