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Si, malgré tout, les hommes se montrent réfractaires, les femmes tiennent en réserve, pour les faire capituler, une série de moyens renouvelés de Lysistrata. D’abord, la grève des jeunes filles à marier : « Refusons pour époux, dit la Femme libre, tout homme qui n’est pas assez généreux pour consentir à partager son pouvoir[1]. » Si les femmes repoussent le mariage, ce ne sera d’ailleurs nullement pour se jeter dans l’union libre. « Le seul moyen de travailler à notre délivrance, c’est, dit George Sand[2], de refuser le cantique d’amour aux oppresseurs… Nous renoncerons aux saintes joies de la famille ainsi qu’aux enivrements de la volupté, et nous forcerons les hommes, bientôt las de leurs abjects plaisirs, à nous faire une place à leur côté. » Cette idée, si extraordinaire qu’elle paraisse, a été reprise plusieurs fois de nos jours[3].

Mais, même les femmes en puissance de

  1. La Femme libre, no 1.
  2. Lélia, 5e partie.
  3. Madeleine Pelletier, la Femme en lutte pour ses droits ; Marcel Prévost, les Vierges fortes.