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gumènes, ces déclassées avaient, en somme, plus de sagesse et une vision plus exacte des nécessités évolutives que la plupart des hommes d’État, des directeurs d’opinions, leurs adversaires, et dont la courte vue nous fait sourire en 1913. De plus, à travers quelques contradictions et des excès, on retrouve les grandes lignes de la doctrine féministe, fidèle à elle-même. Loin d’être antisociale et anarchiste, comme on l’a prétendu, elle a préparé plus de justice, d’harmonie, de relèvement intellectuel et moral, par conséquent de vrai bonheur.

Songez par exemple qu’avant 1833 l’instruction des filles était à peu près totalement négligée et leur éducation toute sentimentale, donc faussée. Michelet remarqua que cet état d’ignorance et d’illusion fut la source des principaux conflits dans les ménages. Avant la loi Guizot, l’enseignement primaire n’existait pas pour les filles ; c’est sous la troisième République seulement que des écoles d’enseignement secondaire furent créées pour elles, quoiqu’elles les aient réclamées dès l’origine. Le féminisme a amélioré la condition de l’ouvrière