Page:Abd-Allâh ibn Abd-Allâh - Le présent de l'homme lettré.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’en va. Par cette cérémonie, le néophyte est entré dans la religion chrétienne.

S’il s’agit de baptiser un enfant, les parents le portent à l’église, le huitième jour de sa naissance, et le placent devant le prêtre. Celui-ci lui adresse les mêmes paroles au sujet des articles de foi que ci-dessus. Le père et la mère ayant répondu oui, à la place de leur enfant, l’emportent et c’est ainsi que l’enfant devient chrétien. Voilà pour la description du baptême. Or sachez que cette eau que les prêtres mettent dans les bassins des églises, qu’elle y séjourne des années ou des époques plus longues encore, ne se gâte ni ne s’altère. Ce fait, sujet d’étonnement pour les chrétiens et qu’ils attribuent à la bénédiction du prêtre et à la sainteté de l’église, n’a d’autre cause que le sel et le baume qui empêchent l’eau de se corrompre. Mais les prêtres ont soin de jeter dans l’eau le sel et le baume pendant la nuit, au moment où aucun laïque ne peut les voir.

Du temps où j’étais encore dans les erreurs de l’ignorance, j’ai baptisé moi-même ainsi bien des gens, mais maintenant je rends grâces à Dieu qui m’a conduit vers la vérité et m’a fait venir des ténèbres à la lumière.


2o Le second dogme fondamental est la foi en la Trinité, condition indispensable pour entrer au ciel, d’après l’opinion des principaux docteurs.

Les chrétiens croient que Dieu est triple, que Jésus est le fils de Dieu et possède deux natures, une humaine et une divine, qui se sont fondues en une seule et même chose. La nature divine est devenue homme complet, engendré, créé, et la nature humaine est devenue Dieu complet, créateur, incréé. Il se rencontre même des chrétiens qui prétendent que les trois personnes de la Trinité sont Dieu, Jésus et Marie. Cette assertion mérite à peine d’être réfutée. Tout homme de sens rassis comprendra que quiconque possède une parcelle de raison se détourne d’une croyance qui tout au plus peut amuser les enfants, mais dont rient les hommes intelligents. Pour ma part, je remercie Dieu de m’avoir fait comprendre l’erreur de ceux qui prétendent que le Christ est le fils de Dieu et que son essence, sa puissance et sa science sont égales à celles de Dieu. Non, cela est faux, et la preuve en est la parole de Marc au chapitre XIII de son évangile[1]. Les Apôtres ayant interrogé Jésus au sujet de

  1. v. 32. Marc ajoute « pas même le fils », mots qui manquent dans le pas-