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avec Jésus et ne l’a vu que l’année où Jésus fut élevé au ciel. Ce fut après l’Ascension que Matthieu mit l’Évangile par écrit dans la ville d’Alexandrie. Il raconte la naissance de Jésus, les miracles qui accompagnaient sa naissance, le voyage de sa mère en Égypte, par crainte du roi Hérode[1] qui voulait tuer son fils Jésus. La cause de ce voyage, d’après Matthieu, est la suivante : Trois Mages, de ceux qui habitent à l’intérieur du Levant, étaient descendus à Jérusalem et dirent : Où est ce roi qui est né ces jours-ci ? car nous avons vu se lever dans notre pays son étoile, signe de sa naissance et nous sommes venus lui apporter des présents.

Le roi Hérode ayant appris cela, en fut troublé, de même que tous les docteurs juifs ; il s’informa d’eux au sujet de ce nouveau-né. Ils lui dirent : Nos prophètes, enfants d’Israël, nous ont fait savoir dans leurs livres que le Messie naîtra ces temps-ci, près de Jérusalem, dans la ville de Bethléhem. Alors le roi ordonna aux Mages de se rendre à Bethléhem, de rechercher soigneusement cet enfant nouveau-né et de lui faire savoir quand ils l’auraient trouvé ; car, leur disait-il, je veux aller le trouver aussi et l’adorer. Mais son but était tout autre et il ne parlait ainsi que par ruse et perfidie, étant résolu de le tuer.

Les trois Mages partirent donc pour Bethléhem, où ils trouvèrent Marie, son fils Jésus dans son sein, logée dans une petite maisonnette. Ils offrirent à Marie leurs présents et, se prosternant devant Jésus, ils l’adorèrent. Pendant la nuit ils virent un ange, qui leur ordonnait de cacher la naissance de Jésus et de s’en retourner dans leur pays par un autre chemin que celui par lequel ils étaient venus. Puis l’ange se présenta à Marie et l’informant de la ruse d’Hérode, il lui ordonna de s’enfuir avec Jésus en Égypte. Elle fit ce qui lui avait été ordonné[2].

Voilà ce que dit Matthieu dans son Évangile. Or tout ce récit est faux et erroné, en voici la preuve : La distance de Jérusalem à Bethléhem est de 5 milles[3]. Si donc le roi Hérode avait réellement des

  1. Roûdes, ou Redoûs.
  2. Dans l’Évangile ces dernières paroles s’adressent non à Marie, mais à Joseph. De la façon presque toujours plus ou moins approximative dont l’auteur cite ses sources bibliques, il nous semble ressortir qu’il les cite de mémoire.
  3. Le mille Tunisien est actuellement d’environ 1 1/2 kilomètre. La distance de Jérusalem à Bethléhem est de 10 kilomètres selon les uns, de deux petites lieues selon les autres.