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connoître Soy-meme.

l’ame generale de tout ce que nous voyons. Il est vray que nous ne voyons plus ce même homme qui parloit avec nous, lorsque la mort a détruit les organes par les quels il avoit commerce avec les autres ; mais n’est il pas vray qu’il suffit de concevoir la destruction de ces organes, sans supposer autre chose pour concevoir la cessation de ce commerce.

Certes nôtre erreur seroit grande, si nous allions nous imaginer que les organes de nôtre corps eussent esté necessaires, pour former la substance de nôtre esprit, & qu’afin qu’une chose soit capable de penser, elle ayt des yeux, des oreilles, une bouche, un cerveau &c. Ces parties n’estoient point necessaires pour nous faire penser : mais pour former l’échange des pensées, qui est entre les hommes, & pour en établir le commerce ; & il a esté en suitte necessaire d’attacher certains sentimens aux mouvemens du corps, pour nous âvertir de ce qui pouvoit le perdre & le conserver le dernier ; de sorte qu’on peut dire que la societé raisonnable est