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de peine pour se tirer du pair d’avec les autres hommes. II n’est point dans le monde de constance soutenue. Cette sermeté des Heros est une vertu de machine qui se démonte par le dérèglement du moindre de ses ressors. Celuy qui défioit si fierement les Dieux & la fortune au milieu des dangers à la tête des armées, tremble par la crainte de mourir dans son lit. II bravoit une mort accompagnée d’éclat & de tumulte : mais il ne peut soutenir la vûe d’un trépas paisible & tranquille. Le Philosophe qui se rejouïssoit de souffrir mille disgrâces illustres, mille desastres fameux, consolé par laprobation de ceux qui admiroient fa constance, conçoit une espèce de desespoir, lors qu’il est reduit à être malheureux en secret. Mais si l’homme du monde ne peut s’empécher d’être foible, on peut dire que l’homme immortel auroit bien de la peine à s’empécher d’être constant. Les régards des autres hommes & la societé qu’il a avec eux, qui font la force prétendue des Heros du siecle, font toute la foiblesse de celui-cy. II sesentaffligé i., par