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habiter dans une maiſon d’argile, il ne s’agit point d’étendre ſes veües & ſes lumieres : mais il s’agit au contraire de les reſſerer & de les borner afin qu’elle ne dédaigne pas de les employer à la conſervation du corps. Mais lors que l’ame montera de la terre vers le ciel, où il ne faudra plus qu’elle travaille à conſerver un corps : mais à glorifier Dieu, il ne s’agira plus de borner & de reſſerrer ſes connoiſſances : mais de les étendre & de les épurer, pour les rendre plus dignes de Dieu, qu’elles auront pour objet.

La ſeconde deſtruction que nous trouvons dans la mort n’eſt pas moins imaginaire. Car ſi nous voyons rompre les liens qui nous attachoient à la ſocieté, nous ne devons point croire que nous demeurions pour cela ſans attachement. La ſocieté des eſprits vaut bien celle des corps, quoy qu’en penſe la nature foible & préoccupée ; & quand nous perdrons ces yeux & ces oreilles deſtinés au commerce, que nous avons avec les hommes, nous nous conſolons puis que nous ne pouvons douter que