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L’Art de se

ment un cœur qui a renfermé dans le monde qui perit, ses esperances & ses prétensions : mais l’homme immortel y trouve d’autant plus de sujet de crainte qu’il y a plus de sentiment. Il apprehende ces biens imaginaires, qui nous occupent & ne nous rempIissent pas ces sentimens vifs qui sont un obstacle à la connoissance de ses veritables interêts. Il regarde la prosperité comme le regne des passions, qui nous seduisent. Il est persuadé que les afflictions, en nous ôtant ces sentimens agreables, ne font que chasser une infinité d’imposteurs de nôtre ame.

Il n’estime pas aussi que les biens du monde meritent nôtre envie, & de nous faire entrer en concurrence les uns avec les autres ; sur tout lors que la Religion luy persuade de ces haines & ces contestations, qui naïssent à l’occasion du monde corruptible, peuvent luy faire un préjudice éternel. C’est pourquoy si Ie droit de l’homme est de demander ce que luy appartient, Dieu ayant établi pour cela des tribunaux dans la societé, laquelle ne seroit qu’une union