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XXIII


TEUFELGAU


— Le père du comte Otto, continua messire Olivier, était le margrave Cornélius, qui fut brûlé pour fait de sorcellerie, vis-à-vis du portail de la cathédrale de Cologne. Le comte Otto n’avait pas encore quinze ans, quand il poignarda les trois juges qui avaient condamné son père. Le premier, qui était Karl Spurzheim, procurateur du prince-évêque, fut tué sur les degrés de la cathédralede Liège ; le second, le chanoine Schwart tomba sur le calvaire de Mannheim ; le troisième, l’archiprêtre Hcinrich de Heilbronn, fut mis à mort au pied de l’autel…

— Horreur ! horreur ! disait-on tout bas dans le salon.

Mais on écoutait.

Olivier, baron d’Harmoy, parlait d’une voix lente et froide.

— Je vous transmets, nobles dames, reprit-il, ce que chantent les trouvères des Îles rien de plus, rien de moins. Leurs vers sont harmonieux et leurs harpes sonores. La ville d’Hélion, la cité mystérieuse qui obéit aux lois de l’Homme de Fer, ne veut point ouïr d’autre histoire. Quand le comte Otto eut tué les trois juges de son père, il envoya le cartel des proscrits à l’empereur d’Allemagne, et gagna les monts du Harz avec ses compagnons. Il y avait dans le Harz une jeune fille nommée Hélène ; elle était belle, le comte la prit pour femme à la face des chevaliers. La nuit des noces, Hélène