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XXII


MESSIRE OLIVIER


Le beau jeune homme, appuyé contre la galerie de la terrasse, avait nom le baron d’Harmoy.

Il faut que le lecteur nous pardonne de lui présenter si tard un si important personnage. Notre récit, jusqu’à présent, manque, à proprement parler, de héros, car messire Aubry, Jeannin et Fier-à-Bras l’Araignoire ne sont pas roman. Peut-être ce brun et pâle Olivier, à défaut d’autre, nous servira-t-il de héros.

Il paraissait avoir vingt-cinq ans, tout au plus, bien qu’en l’examinant de près, on découvrît sur son visage quelques plis précoces et des traces de fatigue. Il était grand et portait avec une merveilleuse grâce sa riche livrée de chevalier.

Le dessin de sa figure offrait tout l’opposé du type breton. Les pommettes s’effaçaient pour laisser l’angle frontal saillir hardiment, selon le modèle germanique ; le nez était droit et fin ; le menton se relevait en bosse, donnant a cette phvsionomie un peu molle une force soudaine et une expression de volonté résolue. Sa bouche et ses yeux se chargeaient d’adoucir ce que le bas de son visage pouvait avoir de trop rude. Sa bouche souriait comme la plus jolie bouche de femme Ses yeux noirs, au regard ardent et profond, rêvaient et donnaient, hélas ! à rêver.