Page:A la plus belle.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXI


OÙ L’ON ACHÈVE DE TIRER LA GRENOUILLE


Notre pauvre histoire se débrouillera comme elle pourra au milieu de cette foule. Si le lecteur trouve qu’elle ne se débrouille pas beaucoup, nous lui ferons observer avec calme que nos personnages sont noyés dans la cohue, qu’ils se cherchent et ne se trouvent pas, que les uns regardent les faiseurs de tours, tandis que les autres, amis de la fricassée, entourent la poêle frémissante, que d’autres tirent la grenouille, que d’autres encore essaient de marcher sur le mât horizontal et tremblant, qu’on a frotté de savon de bout en bout.

Le frère Bruno, soyez-en certains, raconte à quelqu’un quelque bonne aventure. Jeannin, le malheureux, se cassa la tête à rêver politique. Un si brave homme ! Dame Josèphe cause avec Mme Reine, qui surveille Jeannine, qui pense à Aubry, qui essaie d’écouter Berthe, qui ne sait plus ce qu’elle dit. Javotte regarde Marcou, lequel est aux trois quarts écartelé. Bonne poigne ! Ferragus et dame Loïse gambadent dans les grands jardins du Dayron. La vieille suivante de la douairière, son vieil écuyer et son vieux faucon dorment dans trois coins.

Bref, chacun est à son affaire.

La vue de la bannière rouge pailletée d’argent rabattit tout d’abord le caquet de la foule qui entourait la baraque fermée du bonhomme Rémy. La bannière était trop loin encore pour qu’il