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XV


À LA PLUS BELLE


Javotte commençe ainsi cette histoire qui devait tant divertir Berthe de Maurever :

— Voilà donc qu’hier, à la brune, on a fermé les portes de la ville, à cause des soudards du roi de France qui campent là-bas, de l’autre côté de Couesnon, au bord de la grève. C’est bon. Mais il y a des êtres qui passent par les portes fermées, pas vrai ? Et à propos des soldats du roi de France, j’espère que nous allons en avoir, des fêtes, en veux-tu en voilà !…

Elle s’arrêta pour compter sur ses doigts.

— Tenez ! fit-elle, nous avons d’abord l’assemblée[1] de Pontorson, d’ici et de là du Couesnon : Bretagne et Normandie, avec les milliers de pèlerins des grèves, oh ! mi Jésus ! ce sera beau, par exemple voilà pour une. Nous avons ensuite la grande cérémonie où le roi consacrera ses nouveaux chevaliers de Saint-Michel : tournois, joutes, bagues et le tra déri déra la la ! Ça fait deux. Vous en serez, si vous voulez ; pas moi. Nous avons enfin la réception de notre seigneur le duc qui va venir en sa bonne ville de Dol avec toute la cour nantaise…

— Mais ton histoire, ma fille ! dit Berthe.

— C’est vrai, mon histoire… Il y a donc des êtres qui passent

  1. On nomme ainsi les fêtes patronales dans la haute Bretagne. Dans le Morbihan, le Finistère et les Côtes-du-Nord, ce sont les pardons.