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décapités jusque sur le front innocent de leurs fils ; mais il eut un règne de combat la France agrandie lui dut plusieurs provinces ; il brisa l’opposition tyrannique des hauts barons ; il abattit et fonda ; il conserva, il gouverna il fut rji.

À l’époque où se passe notre histoire, Louis XI était dans la force de l’âge. Il avait quarante-sept ans et régnait depuis huit ans.

Chose terrible et belle, alors, que de régner ! Autour du trône, il y avait un cercle de grands vassaux dont chacun était parfois plus puissant que le roi. Louis XI avait pris pour mission de donner un peu d’air au trône et d’élargir ce redoutable cercle qui gênait les mouvements au souverain. Charles de Bourgogne et François de Bretagne eurent de ses nouvelles, mais ils lui rendirent coup pour coup.

Dans cette lutte acharnée, Louis XI resta vainqueur par lui et pour sa race. Ce que la civilisation a gagné de son fait, les plus simples le savent. Mauvais fils, mauvais père, c’est vrai ; mauvais roi, c’est faux. La France, grande et une, date de Louis XI. Et ceux qui l’accusent d’avoir été le premier révolutionnaire oublient que, sans lui, la Révolution serait vieille, peut-être, de quatre cents ans, déjà.

Maître Pierre Gillot, de Tours en Touraine, tourné en Olivier le Dain, fit bonne figure à l’interrogation de Jeannin qui lui demandait de but en blanc s’il était le roi. Il se redressa si haut que Jeannin fit un pas en arrière ; puis il répondit sans chercher de faux-fuyant :

— Oui, mon homme, je suis le roi.

Ce grand titre de roi n’avait peut-être pas alors tout le prestige qui l’environna plus tard. Entre le roi et la nation il y avait les seigneurs, et vis-à-vis de certains seigneurs, la suzeraineté royale n’était véritablement qu’un vain mot. Ainsi le duc François, par exemple, était maître au pays de Bretagne autant et plus que Louis XI à Paris.

Et cependant, autour de cette couronne de France, il y eut toujours une si belle splendeur, que les brouillards féodaux ni mille complications de l’écheveau politique n’en purent jamais