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Et vous, colons indolens, qui perdez des journées précieuses, en temporisant à l’Hôtel de Massiac ou en tâchant de vous distraire dans les divers spectacles, qu’on ne cesse de multiplier comme des hochets, pour vous étourdir sur vos maux passés et présents, que ne retournez-vous dans vos îles, rendre à votre gouverneur toute l’autorité qui lui l’ut confiée par le Roi ; autorité que des êtres également repoussés par vous et par vos esclaves, s’efforcent continuellement d’avilir ?... (1). » Ces récriminations outrepassaient la mesure, car, depuis une année, le Comité des affaires étrangères, gagné par les partisans du Club de Massiac, avait proposé, sous la Constituante, qu’aucune loi ne fût votée sur l’état des personnes, aux colonies, sans avoir été demandée par les assemblées coloniales.

Les événements du Cap et de Port-uu-Princc n’eussent pu être empêchés par les cluhistes de Paris.

Vlll

Malgré les efforts des colons blancs contre les noirs, le gouvernement de la République voulut prendre des mesures pour pacifier les colonies. La Convention, qui venait de juger Louis XVI, écartait toute idée de laisser les choses s’envenimer à Saint-Domingue ; elle prévoyait d’affreux malheurs, qui, peut-être, profiteraient aux Anglais ou aux Espagnols. Les nègres étaient déchaniés. Loin de se laisser prendre aux agissements du Chih de VHôlcl de Massiac, elle essaya de calmer l’irritation de la population noiie à Saint-Domingue, sans adopter des mesures radicales. Dans la séance du 17 février 1793, sept heures du soii", au Comité de défense nationale, le ministre de la marine proposa d’examiner quels étaient les moyens d’apaiser la révolte des nègres et de reiulre le calme à nos colonies.

Ou soumit à la discussion les moyens suivants : 1" Ouverture des ports ;

iJ° Envoi de compagnies franches de naturels des colonies ; 3" Adoucissement au sort des noirs ;

(1) Cri de Vhonneut’ et de la vérité (1792), brochure, par Joseph <h’ Barrucl-Heauvcrt. Bibliothèque de la Chambre des députés, Bf" 222 (t. XXXIX). Le comte de Barruel-Beauvert, écrivain royaliste, était parent de Rivarol et collabora aux Actes des Apôtres. Il figura parmi les gens qui, après la fuite de Louis XVI, s’offrirent pour être les otages du roi fugitif. Auteur des Carirutures politiques.