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On peut dire qu’il a une histoire, qu’il a longuement fait parler de lui, en sens divers.

En effet, il porta affiché, sur la colonne du poêle, le 22 mai 1790, un placard défendant de tenir des propos contre les décrets de l’Assemblée nationale et les gardes citoyennes de Paris. Puis, en février 1791, au contraire, il s’y forma, comme dans d’autres cafés, des rassemblements de conspirateurs monarchiques. « Plusieurs gentilshommes, même des membres de l’Assemblée, courent chez le roi, avec des arnies cachées sous leurs habits, dans l’intention de le défendre ; ils se coalisent au Palais-Royal, dans les cafés, et annoncent publiquement leurs projets... On les appela les chevaliers du poignard, nom qui fut transmis depuis à la plupart des défenseurs du roi (1). »

Pendant la même année, au café de Foy, on demandait l’abolition des clubs, même de celui des Amis de la Constitution., séant aux Feuillants. La réaction y prenait pied, s’y étalait presque. Nous remarquons l’arrestation du sieur Hippolyte-Désiré Puthod, médecin des épidémies en Bretagne, de passage à Paris, qui avait déclaré, dans ce café, « qu’il était Breton et qu’il défendrait le Roi, et que deux millions d’hommes en Bretagne appuieraient son opinion » [Archives nationales).

Le souvenir de la journée du 28 février 1791 était tel que, en 1792, les maisons de jeu du Palais-Royal étaient encore signalées comme les repaires habituels des Chevaliers du poignard. Au n» 59, le censeur Artau en tenait une, où Chamfort, Delille, Rivarol parurent pour dîner et faire des bons mots. On prétendait qu’Artau rapportait tout à la police.

En décembre 1791, les sieurs Jousserand tenaient le Café de Fou (^)i 6*’ " laissaient voir leur prédilection marquée pour les aristocrates, de préférence aux patriotes. Plusieurs provocations ont été faites et de la voix et du geste (3). » Le nom de Jacobins était le mot de ralliement. Cela a cessé, grâce à des personnes qui en ont imposé aux aristocrates.

Le même mois (3 décembre 1791), Carra écrivait : « Hier, plusieurs patriotes ont donné chasse à une bande d’aris- [1]

  1. (1) Beaulieu, Révolutions de France, t. II, p. 467, 468. (2) Ils occupaient sept arcades du Palais-Royal. (3) Révolutions de Paris, décembre 1791, n" 125.