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LA SOCIÉTÉ DU CAVEAU

Fondée par Piron, Collé, Panard, etc. « Le Caveau, écrivait Grimm, est le nom que l’on donne à un café fort à la mode, placé dans un petit souterrain arrangé avec goût, dans le jardin du Palais-Royal. Il est tenu par un nommé Dubuisson. Les agréables oisifs, les habitués de l’Opéra, et surtout les amateurs de bonnes glaces, dont il s’y fait un débit prodigieux, s’y rendent à différentes heures du jour. Quelques gens de lettres y font une digestion plus ou moins laborieuse. C’est un tribunal duquel on peut appeler à celui du bon sens, mais dont les décisions font toujours une impression momentanée. »

Ses arrêts y étaient souvent rendus en chansons et portaient sur les productions des membres mêmes de la Société (1). Il faut croire que le Caveau éfait bien achalandé, car le fonds fut vendu 90,000 livres en 1786.

La Société gastronomico-littéraire ainsi nommée eut quatre périodes. La première se réunit au carrefour Bucy, chez Landelle, recruta successivement Fuzelier, Saurin, Salle, Duclos, Labruère, Gentil-Bernard, Collé, Crébillon fils, Moncrif, Helvétius, Lanoue, plusieurs autres hommes de lettres, avec le peintre Boucher et le compositeur Rameau. Elle dura de 1729 à 1739. La deuxième compta parmi ses membres, outre Crébillon fils, Lanoue, Helvétius, Collé et Gentil-Bernard, d’autres littérateurs de renom, tels que Marmontel, Boissy, Suard (2) et Laujon. Dès 1739, elle se réunit chez le fermiergénéral Pelletier. La troisième, formée pendant la Révolution, au Café du Caveau, Palais-Royal, n» 90, a fondé en 1796 les Dîners du Vaudeville, et cessa d’exister le 2 nivôse an X. On y lisait à haute voix des libelles. La quatrième, enfin, qui vécut de 1806 à 1817, s’était établie a,u Rocher de Cancale, rue Montorgueil ; elle eut pour succursale, fondée en 1813, les Soupers de Momus, qui, fermés en 1828, publièrent 13 volumes in-18.

(1) Voir Cafés, Restaurants.

(2) Suard, censeur royal, censura les théâtres jusqu’en 1790. On connaît ses opinions contre-révolutionnaires.