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en 1789. Barère fondait, pendant cette année, le Point du Jour, et, avec Loiivet, le Journal des di’bals et décrets, ce qui rompit nécessairement ses relations avec Panckoucke. Geltii-ci créa plus tard la Clef du cabinet des souverains, feuille républicaine très modérée, qui disparut, supprimée, sous le Consulat, après une longue existence. En 1789 encore, le salon de madame de Sabran avait une couleur tout à fait aristocratique, comme ceux de madame de Laval, de madame d’Aslorg, de la baronne d’Escars, de madame de Coigny, arbitre de la mode et du goût (1), de madame de Simiane, de madame de Vauban^ de madame de Murinais, de madame de Bercheny, de madame de Gonlaut, qui Oorissaient un peu avant la Révolution. Ceux de madame d’Angivilliers, dont le mari avait une grande influence sur Louis XVI, de la comtesse de Tessé et de la marquise de Chambones (2), étaient des lieux de réunion pour les rédacteurs des Actes des Apôtres. Chez madame de Sabran, Bouftlers (8) et Séguf lisaient de petits vers ; on donnait de « petits spectacles ». Le comte de Sabi’an, d’abord partisan des idées nouvelles, finit par émigrer. Dans ces salons, on raillait beaucoup les bourgeois parvenus, àUx- (|uels on ne pardonnait pas d’avoir pris de hautes positions politiques. La moquerie était leur principal moyen d’attaquer les novateurs. Le « salon bleu >> de madame de Genlis était célèbre [k). Son mari, le marquis de Sillery, fut commandant des gardes du duc d’Orléans, et d’importants personnages l’entourèrent. Brissot et Camille Desmoulins se montrèrent dans ce salon, mais bien peu ; les amis, les partisans du duc d’Orléans y tenaient la première place, ainsi que Latouche et Choderlos de La Clos, familiers du dUc, qui organisèrent leurs conciliabules orléanistes, essentiellement politiques, à Montrouge (5). Barère, lettré, fut accueilli par madame de Genlis, et par elle introduit dans la familiarité du duc d’Orléans. (1) Marie-Antoinette dit un jour : « Je ne suis que la reine de Versailles ; c’est madame de Coigny qui est la reine de Paris. » La Fayette fréquentait ce salon. (2) Opposée à sou mari, qui admettait les idées nouvelles, elle recevait les rédacteurs des Actes des Apôtres. — Voir Introduction, p. 7. (3) Le joyeux Boufflers, dit plus tard l’auteur du pamphlet Les Chevaux au Manège.

(4) Madame de Genlis se posait en adversaire des philosophes. Elle sortit de France, après avoir été regardée comme suspecte, rentra en 1800, et fut, plus tard, pensionnée par Napoléon. L’hôtel de Sillery-Genlis était dans l’impasse Conti. {’,')) Voir, plus haut, Comité orléaniste, et conférez.