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SALONS,

RÉUNIONS PRIVÉES, LIEUX DE RENDEZ-VOUS

Pendant la Révolution et avant.

I

Nous venons d’indiquer plusieurs réunions militantes, prenant leur source en haut lieu, plus que politiques, quasi gouvernementales. Les luttes pour ou contre la Révolution ne furent pas avivées par les Clubs et les Comités seulement, mais aussi par les salons, les réunions privées et les lieux de rendez-vous, autres que les Clubs, les librairies, les cafés et les restaurants. Ces assemblées agissaient d’une façon latente sur les événements du jour. Les femmes et les prêtres y apitoyaient les nobles sur le sort malheureux des amis du roi et de la religion.

Bien souvent on se fournissait là, clandestinement, des armes pour le combat, et les contre-révolutionnaires surtoul, sous Louis XVI, pendant les séances de la Convention, sous la réaction thermidorienne, à l’époque du Directoire comme à celle du Consulat, usèrent de ces moyens de s’entendre, parce que la publicité ne leur était pas possible, ou parce qu’ils ne s’avisaient pas de faire de l’opposition à ciel découvert, de machiner des complots, même d’organiser la propagande de leurs idées.

Il fallait néanmoins compter avec « les colères de salons », où les invités soufflaient le feu de la discorde, après s’être rassemblés d’abord sans but politique, pour devenir ensuite amphibies. En 1789, le premier salon de Paris se tenait chez madame Necker, dans son hôtel de la rue M^ichel-le-Comte, où venaient Sieyès, Parny, Condorcet, Talleyrand, Alexandre de Lameth, Mathieu de Montmorency, de Laborde de Méréville, etc., et madame de Staël, qui avait alors vingt-trois ans. Le vendredi, il y avait les réceptions publiques, presque officielles, à cause de la haute situation de Necker. Le mardi,