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« On a dit hier au Comité de marine, pendant que je n’y étois pas, et on a imprimé dans quelques libelles, que gallois habiluoAlemenl à Bellevue, et que favois des conférences secrètes avec Mesdames. Je mépriserois cette imposture, comme beaucoup d’autres, si ellene tendoit à compromettre des personnes augustes, dont la haute vertu mériteroit nos respects, quand même elles n’auroient pas d’autres droits à nos hommages. Je déclare donc que j’ai été, il y a quatre ans, pour la première fois, à Bellevue, et que je n’y ai pas retourné depuis ; qu’il y a erreur ou mensonge de la part de ceux qui soutiennent le contraire.

« Dès le mois de juin 1789, on avoit payé des porteurs de chaises qui se tenoient à la porte des États-Généraux, et me montroient aux passans en leur disant : qu’ils me portoient toutes les nuits chez M. le comte d’Artois, à qui je n’ai jamais eu l’honneur de parler, et chez madame de Polignac, que je n’ai jamais vue : ils s’adressèrent, pour cette confidence, au nommé Bisson, mon domestique, qu’ils ne connoissoient pas ; celui-ci, aidé d’un de ses amis, leur répondit de manière à leur faire avouer qu’ils avoient eu ordre de répandre cette imposture. Il est probable qu’elle se renouvelle aujourd’hui par les mêmes moyens et d’après la même impulsion ; car il y avoit dès ce tems-là des gens à grands projets et à grandes manœuvres (l). »

Madame Victoire habita Bellevue, qu’elle dut quitter. L’entourage du comte d’Artois était puissant et, comme lui, affichait les idées de contre-révolution. Le duc de la Trémoille et le prince d’Hénin (2) tenaient de mauvais propos, même d’indécents, contre les représentants de la nation, ce qui faisait croire, non sans raison, à une conspiration de la Cour. Le comte d’Artois faisait toujours mettre un noble à chacun de ses côtés, chez la duchesse de Polignac, où il dînait tous les jours. Il ne traitait bien que les nobles, dit Besenval dans ses Mémoires. Hébert donnait au comte d’Artois le sobriquet de « héros de Bagatelle (3). »

Il existait certainement une intrigue permanente, ourdie entre les prélats aristocrates et la société de Marie-Antoinette et du comte d’Artois, connue sous le nom de « Comité Polignac ». La comtesse (1) Journal des Amis de la Constitution monarchique, t. I, n" 9, du samedi 12 février 1791.

(2) Le duc de la Trémoille et le prince d’IIéniu faisaieut partie du Club de Valois. — Voir plus haut, Club de Valois.

(3) Voir le l’eve Duchesne.