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l’entourage de Louis XVL Chacun avait son complot tout préparé, et chaque petit complot avait ses affiliés (1). De là nomhre de divergences dans les vues, et, par suite, manque d’unité dans l’action ; des divulgations imprudentes, mettant le public en éveil, et, souvent, des rivalités de zèle ou des actes d’intérêt personnel qui nuisaient à l’amvre d’évasion de Louis XVL

Le 1" décembre 1789, Vaudreuil écrivait au comte d’Artois : « J’ai des raisons pour croire que la Cour a un plan qu’il ne faut pas croiser par des démarches qui effraieraient et causeraient peut-être de nouvelles insurrections et les plus redoutables malheurs (2).» Madame Elisabeth, sœur du roi, patronnait l’idée de transporter la cour à Lyon ; elle s’efforça de l’inculquer à Louis XVL Elle écrivit à madame de Bombelles,donl le mari, ambassadeur en Portugal, démissionnaire, émigré, servait dans l’armée de Condé : « Je regarde la guerre civile comme nécessaire ». Lyon était un point stratégique important, assez rapproché de Turin, capitale de l’émigration naissante. Lyon renfermait beaucoup de mécontents, et l’on y conspirait en même temps que les émigrés conspiraient à Turin ; sa garnison renfermait des groupes d’officiers contre-révolutionnaires. Des émigrés y paraissaient fréquemment. A l’intérieur comme à l’extérieur, le Comité autrichien agissait. En octobre 1789, Mirabeau écrivait, dans une note à la cour : « Le roi est-il en sûreté ? Je ne le crois pas. »

Mirabeau avait un plan de démocratie royale^ lorsque le comte de La Marck parvint à lui ménager un rapprochement secret avec la cour. La première de ces notes date du l*"" juin 1790 ; sans doute, on chercha à lui cacher les projets de fuite. La cour ne voyait en lui qu’un conspirateur. De là l’échec du plan de Mirabeau, non suivi dans ses appréciations.

Il disait : « Le roi n’a qu’un homme, c’est sa femme ». Marie-Antoinette et ses plus fidèles se concertaient en dehors des hommes, des courtisans qui craignaient de trop dangereuses imprudences. Montmorin écrivait à Mercy :

« Il était indispensable que le Roi et la Reine eussent un conseil (1) Correspondance du gouverneur Morris, t. H, p. 221. (2) Correspondance intime du comte de Vaudreuil, t. I, p. 48. — Creutz, donnant des Conseils à Gustave 111, roi de Suède, pour son voyage en France, lui disait que M. de Vaudreuil « disposait de l’opinion de la Reine. » (Gustave III, Jugé cjmme roi et comme homme, par le, baron de Beskow. lu-S, Stockholm, 1868.)