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clue entre Marie-Antoinette et Louis XVI, devait s’efforcer de travailler au maintien de la royauté absolue en France. Tout démontre que, avant de recourir aux coalitions armées, les souverains de l’Europe voulaient enrayer la propagande des idées nouvelles en essayant de moyens pacifiques, et que, avec eux, la noblesse et le clergé des divers pays se croyaient solidaires de notre clergé et de notre noblesse, qui en avaient dans l’aile. Plus tard, ne réussissant pas, ni par la diplomatie, ni par les menaces, les uns et les autres en appelèrent aux armes. La contrerévolution affirma, au-dedans, ses espérances par des menées secrètes ou par des clubs politiques ; au dehors, par l’émigration qui se joignit aux souverains coalisés.

Dans ces circonstances, le Comité autrichien ne cessa pas d’agir, de conspirer ; et des négociations secrètes avec l’étranger, négociations soupçonnées seulement d’abord, puis dévoilées d’une façon irréfutable, compromirent au plus haut point le roi Louis XVI et Marie Antoinette. Les courtisans, dangereux amis de leur maître, contribuèrent à perdre celui’dont ils cherchaient, soit par intérêt, soit par attachement, à restaurer l’omnipotence. Voyons quelles furent les différentes phases du Comité autrichien, ce qui le précéda, et ses développements successifs. Dès que Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche, fut mariée au dauphin de France (depuis Louis XVI), il exista du trouble à la cour ■de Versailles. Le mariage, imposé pour ainsi dire par Marie-Thérèse, eut lieu le 18 mai 1770. Aussitôt il se forma, parmi les courtisans, et même parmi les membres de la famille royale,.un groupe très hostile à la jeune princesse. Ses tantes par alliance, mesdames Adélaïde et Victoire, ses beaux-frères, le comte de Provence et le comte d’Artois, son cousin, le duc d’Orléans, se signalèrent par leurs attaques. A Meudon, madame Adélaïde chanta :

Petite reine de vingt ans,

Vous qui traitez si mal les gens.

Vous repasserez la frontière !

Après huit années de mariage, la reine accoucha de son premier enfant. Le comte d’Artois, qui aspirait à la succession au trône pour le sien, s’acharna de plus en plus contre sa belle-sœur. Des pamphlets ignobles parurent : Y Autrichienne en goguette, les Amours de Chariot et de Toinette, les Amusements d^ Antoinette, etc., avilirent la reine au point que Louis XVI acheta ces libelles pour les faire disparaître. Les princes furent soupçonnés de les avoir inspirés.