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Les adhérents au club étaient appelés par le peuple sabnisfes, salmichiens ou salmigondis. Originairement, ces appellations ironiques s’appliquaient, nous l’avons dit, au salon politique tenu par Frédéric III de Salm-Kirbourg, pendant les premières années de la Révolution.

La nouvelle réunion eut un caractère bien autre, très sérieux, quoique ses véritables tendances ne fussent pas tout à fait délinies. Le ministère du 17 juillet 1797 fut une émanation du Club de Salm. Lenoir-Laroche, rédacteur au Journal de Perlel, au Mercure, au Moniteur, membre du club, fut ministre de la police et ne resta que huit jours en fonction. François de Neufchàteau, placé à l’intérieur ; Talleyrand, ministre des relations extérieures ; Préville-le-Pelley, ministre de la marine, appartenaient au club. Ce ministère était loin d’avoir de l’homogénéité.

Une gravure de VAccumtour public, rédigé par Richer-Sérisy, représenta le Club de Salm : « Des Jacobins aiguisent des poignards sur des meules. Le président, le nez coiffé d’une énorme paire de lunettes, reçoit des mains d’un des Directeurs, qui se glisse par la porte entre-baillée, un sac d’écus (1). » D’après Mallet du Pan, les trois Directeurs : Rewbell, Barras, Là Réveillère^Lépeaux, hostiles aux conseils des Anciens et des Cinq-Cents, s’accordèrent avec le club et « décidèrent deux grands coups : l’un de renvoyer les ministres honnêtes et de les remplacer par leurs complices ; l’autre, de faire approcher de Paris de nouvelles troupes (2). »

A ce inoment, le Club de Salm entra complèternent dans l’action politique.

V Eclair, ou Journal de la France et de VEizrope, devint son organe. Un service de cabriolets fut imaginé pour répandre cette feuille dans le Nord et en Belgique. Elle s’imprimait rue des Prêtres Saint-Germain l’Auxerrois.

Dans une de ses séances, il vota des mesures importantes : — garnir de gens sûrs les tribunes des deux Assemblées, — provoquer l’éta- [1]

  1. (1) VAccusaleur public, n" XXXII. (2) A. Micheli Correspondance iàédlle de Multel du l’an, t. II, p. 300.