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qui la traitaient de « messieurs », les muscadins, les lions ou niais, étalaient, au dire du conventionnel Ruamps, « les 30,000 livres que leur avait donnés le comité du gouvernement » (3 avril 1795). Les muscadins s’étaient fait du théâtre Feydeau une espèce de club, tout au moins u-n lieu de réunion. Ils affirmaient leurs idées de réaction. Des femmes de la haute société portaient des poignards d’or en guise d’épingles, pour encourager les assassinats des compagnies de Jéhu qui ensanglantaient le Midi et avaient à leur tète la jeunesse dorée.

’ Le 29 brumaire an II, le club central des électeurs dénonça au Conseil général de la Commune une assemblée qui se tenait dans le local de l’Évêché, sous le nom de Comité central, et dont les séances n’étaient pas publiques ; il invitait le Conseil à surveiller ce comité secret.

Sous l’inspiration de Fréron, qui naguère avait poursuivi avec ardeur les royalistes et les fédéralistes, et qui maintenant poursuivait les terroristes, il s’était formé une sorte d’association qui remplit Paris d’agitations et de vengeances. Ce fut par la jeunesse dorée de Fréron que le Club des Jacobins fut dispersé et fermé. Les réactionnaires cessaient de porter un masque dont ils n’avaient plus besoin. La foule se laissait facilement aller à les applaudir dans leurs actes, comme elle se plaisait à lire leurs pamphlets, tels que les « Marchands d’infamies » contre le Club des Jacobins (1), et « les Jacobins hors la loi ^ par Martainville (2). Le 12 septembre 1795, Peltier (3) publiait une parodie du Hé oeil du Peuple, où l’on trouvait ce couplet : Un Dieu seul a créé la terre ;

Un soleil seul fait les beaux jours ;

Les astres n’ont dans leur carrière

Qu’une loi qui règle leur cours.

Il ne faut dans chaque ménage

Qu’un maître, qu’un père, un époux.

Puisse, nous tirant d’esclavage,

Un seul Bourbon nous sauver tous !

L’administration centrale, peu après, autorisa le commissaire Real (1) Bib. Nat., Lb 39/9774, in-S», sans date, do 8 p. (2) Bib. Nat., Lb 41/1262, in-8", sans date, de 12 p. (3) Cet ancien rédacteur des Actes des Apôtres publia, d’Angleterre où il s’était réfugié, une série de pamphlets, sous le titre de Tableau de Paris depuis Vannée 1794 jusqu’à 1803 ; plus, en 1803, un journal intitulé l’Ambigu, fait de concert avec les émigrés.