Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/495

Cette page n’a pas encore été corrigée

les subsides de l’agence royaliste (1). Après Thermidor, l’abbé Delille disait : « Les Montagnards mettent de l’eau dans leur sang. « Quelques-uns, en effet, avaient définitivement tourné le dos à la Révolution, et n’étaient pas les moins ardents parmi les contre-révolutionnaires.

On lit dans une instruction de Babeuf (20 floréal an IV, 9 mai 1795), rédacteur du Tribun du peuple (2), communiste, réclamant la loi agraire :

« Les chouans du Corps législatif se réunissent tous les jours rue de Clichy, maison Boutin ou de la Bouèxière. Ils sont, dit-on, au nombre d’environ trois cents ; ce rassemblement a lieu une partie de la nuit. On peut prendre le plan de cette maison. En la cernant, il en échapperait très peu. »

Babeuf exagérait, mais des modérés actifs, feuillants, gii’ondins, figuraient dans la réunion.

II

Disons dans quelles circonstances se fonda le club de Clichy, Quelques mois après le 9 thermidor, le député Legendre, d’ardent Montagnard devenu Thermidorien (3) furieux, avait, par ordre du Comité de Salut public, renouvelé, chassé les anarchistes de la salle de leurs séances, fermé les portes du club (des Jacobins), dont il avait présenté les clefs à la Convention. Le lendemain, un décret de l’Assemblée avait déclaré que les séances de la Société des Jacobins seraient suspendues. C’était le 2 novembre 1794, Dès ce moment, remarque Dulaure, le Club de Clichy fut sans objet. Il n’en subsista pas moins.

La Convention avait cherché, en même temps, à ramener les chouans par la douceur, et alors les contre-révolutionnaires étaient regardés, dans le monde parisien, comme des « honnêtes gens », tandis que les partisans de la Révolution, même modérés, étaient appelés « buveurs de sang. »

Les salons dorés de la réaction thermidorienne faisaient de la propagande, et la jeunesse, avide de plaisirs, ennemie des Jacobins (1) Fauchc-Borel, Mémoires, t. II, p. 217, 220. — Iii-8°, Paris, 1821. (2) Journal qui parut du 14 voudémiaire an III au 3 floréal au IV. (3) Martaiuvillc fut secrétaire de Legeudre.