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Valazé, conventionnel, avait, un des premiers, engagé la lutte contre Marat, Robespierre et la Commune. Ceux-ci ne l’oubliaient pas, et leur énergie pour répondre aux Girondins devint d’autant plus grande que leurs adversaires employaient, dans l’occasion, des moyens qu’il fallait découvrir, et qui rompaient toute entente républicaine entre le fédéralisme, pouvant l’emporter sur l’indivisibilité de la République, et ceux qui ne voulaient pas laisser toucher à cette indivisibilité. Les Montagnards craignaient d’être pris au dépourvu.

Marat, irrité contre « le roi Roland », déclara qu’il ne connaissait d’autre conspiration que celle qui se tramait dans les conciliabules des hommes d’Etatréxxm^ tous les jours chez Valazé. Un comité insurrectionnel, dit de VArchevêché, comité ultra-montagnard, était fort surexcité à propos de ses ennemis, les Girondins, qui faisaient partie du Comité Valazé. Hébert écrivit : « Le roi coco Roland. » Les réunions, chez ce député, étaient secrètes ; les hommes politiques qui s’y rendaient formaient un personnel très peu nombreux, comprenant la gravité des circonstances, sachant qu’il y avait pour eux une question de vie ou de mort. Aussi ne commettaient-ils guère d’indiscrétions.

On n’a pas de détails précis sur les discussions du Comité Valazé. Elles étaient probablement confuses, sans méthode ni décision :

« Nous cherchions, dit Meillan, les moyens de mettre un terme à nos divisions, et de prévenir les malheurs qu’elles ne pouvaient manquer de produire. Nous nous perdions dans nos recherches et ne savions à quoi nous fixer. »

Amar, au contraire, dans l’acte d’accusation par lui dressé contre les Girondins, comme membre du Comité de sûreté générale, parla de harangues préparées, revues et sanctionnées chez Roland, « ou dans des conciliabules ténébreux qui se tenaient ordinairement chez Dufriche-Valazé et chez Pétion. » Marat, Guffroy et Thirion pensaient de même.

Les membres de ce Comité se figuraient qu’ils pourraient non seulement résister aux Montagnards, mais encore triompher d’eux. A un moment donné, ils furent l’âme de la Gironde. Le Comité Valazé comprenait, répétons-le, environ quarante membres. Selon madame Roland, il ne sortait jamais de la réunion que « beaucoup de courage pour soutenir les principes, pour braver les clameurs, pour se dévouer généreusement. »