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luel. Garnier, Glot, Daix, Mirabeau, Dacourt, Anson, Sieyès, l’elixir de 89, composaient le directoire (1). »

Les patriotes avancés se défiaient des deux amis Bailly et La Fayette (Mottié) (2), même des Lameth et de Barnave, membre du Club des Jacobins ; ils craignaient les trahisons, surtout après le retour du roi, arrêté à Varennes ; ils doutaient, à plus forte raison, de Sieyès et de Chapelier. L’afiaire sanglante du Champ de Mars (17 juillet 1791) les exaspérait, leur faisait prendre en haine les « municipaux )>. Gorsas, en septembre 1791, ne raisonnait plus comme précédemment à l’égard de la Socirté de 1789. Il écrivait : « 89, repaire où se tient le conciliabule de la coalition. « Les aristocrates et les intrigans, qu’on y trouve en nombre, entraînent des électeurs ignorans et crédules. >> Il craignait les agissements des membres de cette Société pendant les élections pour l’Assemblée législative.

Pendant plusieurs mois, la Société fut honnie par les hommes de la gauche. En avril 1792, CoUot-d’Herbois, membre du Comité de correspondance aux Jacobins, reprocha à Rœderer d’avoir quitté les Jacobins pour aller à ^.9. Il déclara (3) :

« Quant au Club 89, oui, Rhœderer y a été ; mais je n’y ai été, dit-il, que pour fuir le despotisme des Lameth ; et, membre de 89, j’ai toujours opiné avec les Jacobins. Il est bon de savoir que M. l’abbé Syeys {sic), que MM. Chapelier, Duquesnoy (4), La Fayette, que Mirabeau lui-même, ont allégué cette excuse de leur retraite des Jacobins. M. le procureur-général-syndic est donc un patriote de la trempe de MM. Chapelier, Duquesnoy, La Fayette ? Le bon Jacobin ! » A quelques exceptions près, on ne se lavait guère de la faute qu’on avait commise en paraissant à la Société de 1789. (1) Révolulions de France et de tinibant, n" LXVII.— Aucun de ces personnages n’avait figuré sur la liste des Jacobins.

(2) On lit dans le Nouvelliste de France, numéro du vendredi 18 décembre 1791 : « Les Amis de la Constitution de Marseille, justement inquiets des menées sourdes qui se pratiquent, des mouvements qui ont lieu dans certaines provinces, demandent fraternellement aux Amis de la Constitution de Paris des éclaircissements sur la conduite de M. de La Fayette, et des documents sur le patriotisme de ce général, capables de dissiper les soupçons que l’on répand sur lui jusques à l’autre bout du royaume... »

(.’{) Révolutions de Paris, n’ 145, du 14 au 21 avril 1792. (4) Adrien Duquesnoy, constitutionnel, membre du Club de 1789, et dont le nom fut trouvé dans l’armoire de fer sur la liste des personnes payées par la cour, se noya dans la Seine en 1808. 11 rédigeait VAmi des Patriotes, jcmrnal ultra-modéré.