Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/446

Cette page n’a pas encore été corrigée

crime, dont le désespoir vertueux, dont l’héroïque dévouement auroit dû désarmer leur férocité. Nous en attestons surtout vos morts glorieuses, vous dont le sang a payé le salut de la France, citoyens, frères intrépides, que pleure en ce moment toute la famille nationale : ces plaies qui saignent encore, ce deuil de cent familles, ces funérailles solemnelles (1), ces hommages éclatans de l’admiration puhlique, ce décret consolateur, expression d’un sentiment universel ; voilà des garants sacrés, d’irrécusables témoins, que l’appui de la force commune ne manquera point aux décrets de la volonté générale, qu’un patriotisme infatigable et solidaire veille dans tous les points de l’Empire au succès de cette r(V()lulion, époque immortelle dans l’histoire du genre humain.

« Pourquoi donc ne rouvririons-nous pas nos cœurs à la conliance ?

Pourquoi désespérer de la perception des subsides, de l’établissement 

des tribunaux, enfin, d’une heureuse et prochaine consolidation de l’édifice politique,

« Si, dans la hiérarchie des pouvoirs qui vont régler nos destinées, un corps réfractaire contrarie l’action d’un autre, n’existe-t-il pas une puissance suffisante pour les mettre tous en harmonie ? Quel citoyen, appelé à la défense de la loi violée, refusera désormais sa force et ses armes ?

« Que sera-ce, lorsque la Constitution affermie, déployant son influence morale, aura formé cette coalition tacite du peuple, des loix et des législateurs, qui rend le gouvernement si facile et l’ordre si naturel ?

« Ainsi nous avons vu dans Nancy le patriotisme tourner au profit de l’union un désordre préparé pour la dissolution générale de l’Empire ; ainsi nous avons vu les bras de tous aux ordres du législateur, pour faire agir la volonté de tous. Voilà comment vos exemples nous rassurent même pour l’avenir, sages administrateurs, vigilans magistrats, courageuses milices de Metz, de Toul et de Pont-à-Mousson, fidèles guerriers de la garnison de Metz, vous-même, vaillant général, dont aujourd’hui la renommée civique relève et anoblit encore la réputation militaire ; oui, c’est vous tous, généreux citoyens, qui avez fait renaître ces consolantes espérances, heureux effet du signal de zèle donné par vous à tous les Français, qui vous a mérité doublement les tributs de la publique gratitude.

« Tels sont les sentimens que n’a pu renfermer une Société accou- [1]

  1. (l) L’Assemblée nationale vota des remerciements à Bouille, une fête funèbre en mémoire des gardes nationaux et des soldats de l’armée de Bouille.