Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/433

Cette page n’a pas encore été corrigée
423
SOCIÉTÉ DE 1789

mille louis ; c’est même pour eux un avantage bien évident d’être dans un lieu tranquille et retiré. Mais il n’étoit pas indifféretit aux succès des vues ministérielles que le public nombreux qui fréquente le Palais-Royal vit aux croisées des salles de ce Club La Fayette^ /Jailli/^ Mirabeau ^ Le Chapelier, et autres personnages qu’il s’est habitué à regarder et qu’il regardera encore quelques mois comme ses défenseurs. Il falloit ;, pour surprendre l’opinion publique et lui faire adopter les résolutions dictées par la cour à ce Club, qu’il ne parût autre chose, aux yeux d’une multitude irréfléchie, que le Club des Jaco- })ins, mais épuré des prétendus factieux qu’on disoit les ennemis de la Monarchie et les partisans de la République,

« Mais l’heure de la réflexion, qui arrive toujours tard pour les Français, arrivera enfin ; et la honteuse, la dangereuse formation de ce Club ne sera plus un mystère pour eux : ils verront que des hommes qui seroient les amis du peuple et de l’humanité, ne débourseroient pas, au milieu des calamités publiques, tant d’argent pour louer un lieu d’assemblée ; et qu’au lieu de venir afficher avec tant de magnificence leurs discussions populaires à un premier étage au Palais-Royal, ils se seroient retirés dans l’enceinte silentieuse {sic) d’un des couvens nationaux ; qu’au lieu de splendides banquets et de quêtes mesquines, ils feroient des quêtes abondantes et des repas frugaux ; qu’au lieu de venir se faire claquer aux fenêtres, ils se déroberoient avec modestie à des témoignages d’attachement ou d’admiration qu’ils n’ont même pas mérités (1).

« C’est du Club de 1789 que nous est venu le décret sur la guerre et sur la paix, le décret qui a donné au roi la faculté de s’adjuger 2u millions ; c’est du Club de 1789 qu’est venue la proposition de laisser aux évêques un traitement beaucoup plus fort que l’énorme traitement qu’on leur a donné, et celle de mander les Marseillais à la barre ; c’est du Club de 1789 que nous viendront toutes les propositions, tous les décrets qui pourront mettre entre les mains du pouvoir exécutif les moyens de satisfaire les appétits des inlriguailleurs qui mènent ce Club, c’est-à-dire du pouvoir, de l’argent et des (1) c< Quand l’ancien uiiuistère, l’ancienne police vouloit faire paroitre que l’opinion publique se déclaroit pour quelque chose, ils avoient des femmes prêtes i’i jouer le rôle de dames de la Halle. Le Comité de police usa, il y a quelque temiis, de ce stratagème contre la liberté de la presse et les gens de lettres {Vide w 15, p. 6). Le club de 1789 a joui des mômes honneurs, ou a usé de la même ruse : des dames de la Halle y sont venues faire un compliment au génie de M. Bailly, un à notre bo ?i général ; à M- Mirabeau, qui dit de si belles choses ; et à M. Le Chapelier, qui, sans cesser d’être Breton, est devenu bon Parisien. Boue Deun ! »