Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/380

Cette page n’a pas encore été corrigée

beaucoup sur les agissements du Salon français, dont le comte de Vaudreuil se défiait, à cause du manque de direction et de chefs qu’il constatait, et de l’inexpérience d’une foule de jeunes gens qui s’y trouvaient.

Quoi qu’il en soit, cette réunion n’eut pas une grande influence sur les événements de 1790. Ses membres ne tardèrent pas à se disperser, après la fuite de Louis XVI et aux jours de l’émigration. Voyons, maintenant, ce que fut l’existence du Salon fronçais, où la noblesse de la cour et de la ville se porta en foule. L’avocat Lavaux, auteur d’une brochure intitulée : « Les Campagnes d’un avocat, ou Anecdotes ’pour servir à V Histoire de la Révolution (1) », s’attribue la fondation du Salon français. Selon lui, les rassemblements spontanés de royalistes qui se formaient chez le libraire Gathey (2) lui en fournirent le fonds. Il ajoute que le Salon français s’établit d’abord dans un vaste appartement de la rue Royale, butte Saint-Roch, se transporta ensuite au Palais-Royal, dans un appartement situé au second étage, et qu’il ne s’est dissous que par l’émigration d’environ 600 sociétaires qui le composaient. Christophe Lavaux offrit, en 1792, de partager avec Malesherbes les fonctions de conseil de Louis XVI devant la Convention. D’après Montlosier, le Salon français dut son origine aux dîners qui avaient lieu au Palais-Royal, chez le restaurateur Masse, et auxquels assistaient assiduement le vicomte de Mirabeau et plusieurs membres du côté droit de l’Assemblée nationale. Le nombre des convives permanents ayant augmenté, on chercha à donner à ces réunions une consistance plus régulière, et on loua, chez ce même Masse, au Palais-Royal, une partie de son appartement. Le Salon français se transporta ensuite aux Capucins (3). Peut-être Montlosier ne parle-t-il que du club transporté de la rue Royale au Palais-Royal, après la sentence rendue par le Tribunal de police.

. A peine ouvert, le Salon français éprouva des tribulations, à peu près comme le Club monarchique à son début. Le peuple de Paris, principalement le peuple habitant le quartier de la butte Saint-Roch, s’éleva contre les gens qui fréquentaient le local loué par la dame Level ou Lewal. Il s’attroupa, il les hua, il les menaça chaque jour. Assurément, il s’agissait de menées monarchiques. (1) Paris, Panckoucke, 1815, in-8o, p. 7, 10 et 50. (2). Voir plus bas, JÀbraires.

(3) Montlosier, Mémoires, t. II, p. 309.