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cherchant un asile à l’étranger, le royalisme des Feuillants ne fit plus de doute pour personne. Il éclata lorsqu’il fut question de juger Louis XVI. Le général de Wimpfen se défendit, en novembre, d’être allé aux Feuillants, où beaucoup de ses amis se trouvaient. « Mais la horde des aristocrates, des Feuillans, des modérés, lit-on dans les /{évolutions de Paris, tous ces cœurs féroces qui n’ont pas donné une larme aux victimes infortunées des fureurs de Louis-Néron, s’apitoient aujourd’hui sur son sort... (1). » Lorsque le médecin Chambon de Montaux fut candidat pour remplacer Pélion comme maire de Paris, un citoyen de la section de la Halle au Blé écrivit aux Jacobins pour le dénoncer, l’accuser d’être « un Feuillant, un modéré, un fayettiste. » En décembre de la même année, une lettre des commissaires pour l’organisation du Mont-Blanc fut adressée à la Convention. Elle contenait cette phrase :

« On prétend cependant que, dans la multitude des patriotes révolutionnaires, il s’est glissé une certaine quantité de Feuillants^ de ces esprits infirmes ou pervers qui voudroient corrompre la masse, mais ils n’y parviendront pas plus qu’ailleurs... « Signé : Grégoire, Hérault, Jagot, Simon (2). » Le 1" janvier 1793, le citoyen Le Gros remarqua, aux Jacobins : « Un Jacobin doit peser plus que dix mille Feuillants ! » Était-ce une plaisanterie, une exagération ?

Robespierre aine dit, aux Jacobins, à propos de l’appel au peuple en faveur de Louis XVI :

« Je dis que les Vergniaud, que les Brissot, que les Gensonné, que les Guadet et tous les coquins de cette espèce, n’appellent point au peuple, mais à tous les aristocrates, à tous les Feuillants, qu’ils rallient sous leurs bannières (3). »

Le 13 janvier 1793, Monestier, aux Jacobins, aurait dit, selon le Patriote français : « Je déclare, pour mon compte, que je suis en insurrection et que, si j’aperçois un aristocrate, un Feuillant, un Rolandiste, ou un autre gredin de ce genre, je l’assassine à l’instant. » L’exécution de Louis XVI, l’établissement du tribunal révolution- [1]

  1. (1) Révolutions de Paris, a- 171, du 13 au 20 octobre 1792. (2) Lettre datée de Chambéry, 18 décembre 1792, citée daus le Recueil des actes du Comité de Salut public, etc., publié par M. F. A. Aulard, t. I. (3) Séance du 1er janvier 1793.