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jamais être admis dans la Société des Jacobins » ; et sa motion fut adoptée à l’unanimité.

On était loin du temps où la réconciliation semblait possible. Le 13 janvier 1792, M. Recourt demanda, dans le Club des Jacobins, à faire une motion d’ordre au sujet de M. Feuillant, directeur du Journal du soir et membre des Jacobins, lequel s’était permis, en parlant du bruit qui avait eu lieu aux Feuillants^ de dire que ce bruit avait été occasionné par les Jacobins. 11 proposa la radiation de M. Feuillant sur la liste des Jacobins ; mais l’affaire fut renvoyée au Comité de présentation, d’après l’avis de Real. Dans une adresse des Jacobins à leurs sociétés affdiées, le 17 janvier, on lit : « Les Feuillants ont une existence très précaire, et ne perdent cependant point de vue leurs grands projets. Ils sont errants depuis quelque temps, et ne se rassemblent qu’en petit comité. Ils se proposent d’acquérir un vaste local, et d’attirer une grande affluence à leurs discussions ; mais il se passera quelque temps avant que ce bel établissement se réalise, et nous croyons qu’ils ne sont point pressés d’avoir le peuple de Paris pour témoin de leurs délibérations. Leur devise fastueuse n’en impose à personne : La Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution ; c’est comme s’ils disaient : La liste civile, toute la liste civile, rien que la liste civile. » «Les Feuillants, annonça bientôt .Carra, vont reprendre leurs séances ; ils font préparer à cet efTet l’église Saint-Honoré. Le constituant Duport, qui gouvernait le château et le ministère du temps de Lessart, sera, dit-on, président de ce club ; le fameux Rarnave, qui a quitté le midi de la France depuis que les Marseillais y ont rétabli l’empire de la liberté, et qui arrive à Paris tout courant, sera secrétaire ou vice-président du club feuillant (1). » Le Patriote français annonçait, lui aussi : « Les Feuillans vont reprendre leurs séances ; ils se rassembleront dans l’église de Saint-Honoré. M. Adrien Duport doit être, dit-on, président, et M. de Rarnave, qui est de retour à Paris, secrétaire (2). » Le 23 février 1792, il y avait eu un grand tumulte à l’Assemblée, législative sur la proposition faite par Mouysset de former un club dans la salle les après-midi, lorsqu’il n’y aurait pas de séance, et d’empêcher les députés d’aller aux Jacobins ou aux Feuillants (3). (1) Annales patriotiques, du 1" avril 1792, n° 92. (2) Patriote français, du 31 mars 1792, n» 964. (3) Répertoire ou Almanach historique de la Révolution française, Paris, 1798.— Mouysset fut plus tard commissaire du gouvernement consulaire, et conserva ces fonctions sous l’Empire.