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Les Indépendants tentèrent la ruine des clubs, y compris celle des Feuillants, et ceux-ci votèrent, à l’Assemblée, la proposition de Mouysset sur ce sujet. Ils voulaient empêcher le Club des Jacobins d’exister, même au prix de leur propre club. Ils imputaient les désordres aux Sociétés populaires, autant qu’aux conspirations monarchistes, et continuaient la guerre qui exista contre les réunions politiques fixes pendant la Révolution.

Le Cosmopolite^ journal dont le belge Proly, fils naturel du prince de Kaunitz, passait pour être le rédacteur, publia un article curieux. Selon lui, en février 1792, un assez grand nombre de députés, parmi lesquels Charlier (1), Lamarque, Jean Debry (2) et Maille, Jacobins, et Hua, Chéron et Lagrévole, Feuillants, se réunirent dans la salle de l’Assemblée législative, et, de là, dans celle du comité de division. Maille proposa de se trouver dans la salle de l’Assemblée, tous les jours qu’il n’y aurait pas de séance le soir, et d’y discuter, en conférence, les matières importantes qui devraient être débattues par les députés. Il n’y aurait aucune délibération, point de procès-verbal ; les députés seuls y seraient admis, et le doyen d’âge présiderait (3).

Aucun de ces projets ne reçut d’exécution. Cependant, la Société feuillantine allait errer, sans perdre son existence. Pour cause d’attroupements, en effet, il fut ordonné aux Feuillants de se transférer dans un autre local. A dater de ce moment, leurs séances devinrent désertes et leur influence décrut encore. Une très vive discussion eut lieu, le 6 janvier 1792, aux Jacobins. Il s’agissait de savoir si un individu ayant fait partie du Club des Feuillants pourrait être reçu au Club des Jacobins (4). Collot d’Herbois, le même jour, prononçait un discours où l’on trouve ces phrases : « Parmi les personnes qui ont été aux Feuillants, il en est un grand nombre qui sont très repentants, et qui voudraient pouvoir effacer des jours de leur vie les jours qu’ils ont passés aux Feuillants. D’ailleurs, ceux qui, y ayant été, disent qu’ils n’y ont pas été, prouvent bien par là qu’ils sont honteux de leur démarche, puisqu’ils n’osent pas l’avouer. » Il inclinait pour l’admission. Mais Robespierre insista fortement « pour qu’aucun des membres qui s’étaient présentés aux Feuillants no piU (1) Ce député, élu par la Marne à la Législative, siégeait à rcxtrêine gauche. (2) Député de l’Aisne, siégeant à l’extrême gauche. (3) Le Cosmopolite, numéro du 22 février.

(4) Bûchez et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution, t. XIII, p. 14^5. Séance du vendredi G janvier 1792, sous la présidence de M. Antonellc. — La Société des Jacobins, par F. A. Aulard, t. III, p. IJ13.