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CLUB DES FEUILLANTS
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triotisme Iriotisme ardent, mon courage inaltérable. S’il ne s’agissait que de moi, je m’immolerais à la Constitution. Oportet unum mori pro populo serait ma dernière devise ; mais ici, j’exposerais mes collègues, que je ne puis prévenir assez à temps, quoique rien ne me donne le droit de mettre leur prudence en doute ; j’exposerais mes concitoyens ,et j’en frémis. Je prends donc sur moi, d’après l’avis de quelques-uns de mes collègues qui m’entourent en ce moment, de vous prier de vouloir bien donner des ordres pour que personne ne soit admis ce soir à notre Société, qu’en justifiant de sa carte de député ou de celle d’affilié : il suffirait que vous nous permissiez de faire placer une sentinelle à la porte du couloir qui conduit à notre salle, et de lui en faire donner la consigne la plus expresse. Je vous prie aussi de faire donner des ordres pour qu’aucun attroupement ne puisse obstruer l’entrée de la salle.

« Il est à désirer que vos ordres soient donnés avant quatre beures. « C’est sous la protection de la loi que je remets, monsieur, la liberté de mes collègues et la mienne.

« Comme nous ne voulons pas échapper à la publicité, toutes personnes, adressées par vous, monsieur, seront admises. » L’essentiel était d’empêcher les sociétaires d’arriver avec des armes. Le maire de Paris savait que le public se présenterait armé, si les sociétaires devenaient provocateurs.

Chéron reçut de Pétion le billet qui suit :

« A l’instant, M. le commandant de la Garde nationale se rend chez vous ; il va conférer sur les mesures prises pour prévenir toute espèce de trouble et de désordre (1). »

S’il n’y eut pas de trouble ni de désordre à l’entrée de la salle où les Feuillants s’assemblèrent, ce calme ne dura que quelques jours. Le public comprit les difficultés de la situation pour le maire de Paris, mais il se tint prêt à opposer la force à la force, dans le cas où des armes apparaîtraient dans les mains des sociétaires. Beaucoup de gens croyaient que, à cause des circonstances, le Cluh des Feuillants cesserait, ou du moins interromprait ses séances. Mais Chéron avait parlé de « liberté constitutionnelle », avait déclaré qu’il « mourrait pour le peuple », s’il le fallait. Probablement, le public n’entra dans la salle qu’avec une carte de député ou d’affilié. Une sentinelle veilla à l’observation de la consigne. (1) Ces pièces out été extraites par Bûchez et Roux de la Mairie de Pétion, p. :jl-44.