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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
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Il annonçait que ses co-secrétaires se rassembleraient publiquement, le soir, à six heures.

« Lettre de M. le Maire à M. Chéron., en date du 36 décembre^ neuf heures et demie du matin.

« Monsieur,

« Aussitôt la réception de votre lettre, j’ai donné des ordres pour prévenir les troubles que vous craignez. J’ai appris hier que beaucoup de membres de la Société que vous présidez doivent se rendre, armés, au lieu des séances ; que le public, instruit de cette disposition, devoit également se rendre en armes, tant dans les tribunes qu’à l’extérieur de la salle. Je crois l’un et l’autre bruit également faux ; mais s’ils étaient vrais, voyez combien cette position seroit cruelle ; je frémis d’y penser. Il paroit qu’à la dernière séance, le tumulte a commencé par la provocation d’un lieutenant des canonniers, qui, de l’intérieur de la salle, a nargué le public. Il paroit que plusieurs sociétaires étoient armés, et que cela a beaucoup déplu. Je vois bien qu’ensuite les spectateurs se sont portés à des excès répréhensibles. En grâce ! qu’on évite jusqu’au moindre prétexte d’agitation, et je ne négligerai rien pour vous procurer paix et tranquillité. Secondez mes efforts ; je vais vous parler avec toute franchise : il est parmi vous un grand nombre d’amis de l’ordre et de la Constitution ; il en est aussi, je puis me tromper, mais je le pense, qui sont ennemis de cette Constitution, qui ne veulent que du bruit pour avoir occasion de se plaindre, qui ne désirent que du scandale et de l’éclat pour paroître persécutés (1).

« Signé : Pétion. »

Chéron répondit aussitôt à Pétion :

« Monsieur, j’ai frémi en lisant votre réponse, du danger auquel des citoyens seraient exposés si l’on ajoute foi aux bruits qui vous sont parvenus. Je puis répondre du patriotisme de mes collègues ; je répondrais de tous, si l’expérience n’apprenait trop malheureusement qu’il est des parjures, comme il est des parricides, et qu’il se glisse des faux frères dans les sociétés tant soit peu nombreuses, quelles que soient d’ailleurs leur intimité et la pureté de leurs intentions. Mais, monsieur, je ne répondrais pas que, si la loi se montrait encore insuffisante à protéger notre liberté constitutionnelle, il n’arrivât quelque malheur. Ma conscience est pure, mes vues droites, mon pa- (1) Bib. Nat., Lb :}9/3631.