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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
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vres par mois, est membre de ce nouveau Club monarchique (1). » Le 20 juillet 1791, les Jacobins nommèrent une première députation pour se rendre aux Feuillants. C’étaient Mendouze (2) et Kersaint (3). Le premier avait formulé et fait adopter cette motion : « Que les membres composant la Société séante aux Feuillans soient rappelés aux Jacobins, et qu’il soit nommé trente commissaires, dont quatorze appartenant à l’Assemblée nationale, pour procéder à la réforme du régime intérieur du Club. » Le second partageait l’opinion de Mendouze, mais sans enthousiasme.

Cette avance prouvait la bonne volonté des Jacobins, regrettant la division, et revenant sur leur décision indiquée plus haut, disposés à vivre en bonne intelligence avec les personnes, sans rien céder quant aux principes.

Comment répondit la Société des Feuillants ? Par un moyen dilatoire imaginé par Goupil de Préfeln, qui avait présidé les Jacobins en mai 1791, et dont les opinions, pendant toute sa vie, ont été tantôt monarchiques, tantôt républicaines ; qui, plus tard, siégea au Tribunal, après avoir appuyé le coup d’État du 18 brumaire.

Goupil de Préfeln présidait alors le Club des Feuillants. Il répondit que la Société n’était pas assez nombreuse en ce moment pour délibérer sur un objet si important ; qu’elle examinerait, dans sa prochaine séance, la proposition des Jacobins. La députation rendit compte immédiatement de sa mission. C’était le mercredi 20 juillet 1791. Les Jacobins virent bien que leurs anciens collègues, devenus Feuillants, affectaient à leur égard l’indifférence et le mépris, que la majorité s’obstinait. Le 22 juillet, un membre des Jacobins proposa d’envoyer une seconde députation aux Feuillants. Santerre et plusieurs membres représentèrent cette mesure comme indigne de la Société. Bourdon, deux jours après, lut un projet d’adresse aux Feuillants. Robespierre exposa que l’on devait « décider, avant tout, que la Société avait été et serait toujours celle des Amis de la Constitution. » Le 24 juillet, aux Jacobins, on comprit que la Société des Feuillants « se considérait comme la vraie et légitime Société des Amis de (1) L’Orateur du Peuple, t. VU, n" 9. — Voir plus haut, Club monarchique. (2) Mendouze faisait partie, aux Jacobins, du comité de présentation et de vérification.

(.3) Armand Guy, comte de Kersaint, futur conventionnel. Guillotiné le 4 décembre 1793.