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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
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conduite, nos principes, avec ceux de nos adversaires. Nous vous conjurons de continuer une correspondance si nécessaire, dans un temps où nos divisions peuvent relever les espérances des ennemis de la chose publique. Son salut tient à la réunion de tous à la Constitution. Que ce mot nous serve de ralliement : il ne peut nous égarer. Nous avons juré de mourir fidèles à cette Constitution. Vous avez prêté le même serment. Des frères qui n’ont que le même objet ne peuvent rester longtemps désunis…[1]. »

VI

La presse révolutionnaire, se mettant de la partie, ne parlait pas plus haut de patriotisme que ne le fit la presse contre-révolutionnaire. Le Babillard écrivit :

« Société des Amis de la Constitution séante aux Feuillans. »

"Tous les membres patriotes de l’Assemblée nationale, à l’exception de cinq ou six, se sont réunis à cette Société. Les dernières séances des Jacobins n’ont pas ou cent personnes : tous les honnêtes gens étaient depuis longtemps fatigués de l’empire que les factieux avaient usurpé, et tous, avec le plus vif empressement, ont abandonné la place à cette bande effrénée. Les véritables Amis de la Constitution s’assemblent aux Feuillans, où les sociétés des départemens vont bientôt reconnaître les seuls affiliés et les seuls correspondans qu’il leur importe de conserver[2]."

Cette assertion était absolument contraire à la vérité, ainsi qu’on l’a vu plus haut. Le mot de factieux, ceux de hande effrénée trompaient le public patriote.

Dans la séance du 18 juillet 1791, aux Jacobins, Pétion annonça, comme "l’opinion particulière de quelques-uns des membres des Feuillants, que l’intention de ces messieurs était d’admettre parmi eux les membres des Jacobins qui voudraient se soumettre à la formalité d’usage pour la réception[3]." L’objet fut ajourné ; personne ne prit la parole en faveur de cette opinion. Quelques jours après, le Babillard démasquait ses batteries ; il ne

  1. Adresse de la Société des Amis de la Constitution séante aux Jacobins de Paris, aux Sociétés affiliées (17 juillet 1791). — Le Patriote français, du 20 juillet 1791, reproduit cette adresse, avec quelques ; variantes dans la rédaction.
  2. Le Babillard, numéro du 21 juillet 1791.
  3. Séance du 18 juillet 1791 aux Jacobins, présidence de M. Bouche.