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Constitution séante aux Jacobins. Ils se servirent de ces listes pour annoncer leur fondation, pour leur demander à entretenir des relations avec lesdites sociétés. Les Jacobins répondirent par une adresse à l’Assemblée nationale.

La lutte entre les Feuillants et les Jacobins devint bientôt très ive. L’adresse envoyée par les premiers aux sociétés affiliées était datée du 17 juillet 1791, jour du massacre du Champ de Mars, — signée du nom de Salles, — lancée sous le couvert d’un ministre. « On y afTectait (aux Feuillants), observe liOustalot, de se proposer les mêmes objets, de débattre les mêmes questions qu’aux Jacobins ; mais on y ajouta d’autres avantages et agréments, tels que de bons dîners, des soirées splendides, un luxe royal. » Ils voulaient, disait-on, reviser la Constitution et remplacer l’Assemblée par une Convention, « à laquelle ils répondaient de se faire élire. » Ils s’élevaient contre les clubs avancés, ce qui faisait dire aux rédacteurs de Y Orateur du peuple : « Les feuillantins, qui voudroient qu’on égorgeât les sociétés patriotiques... (1) » Ils se croyaient appelés à être non des conciliateurs, mais des gouvernants dans toute la force du terme, avec le concours de la garde nationale et des autorités constituées.

Les mots feuillants et feuillantisme demeurèrent pour désigner certaine nuance d’aristocrates ou de modérés, ambitieux avec des façons et des paroles mielleuses.

Le journal les Actes des Apôtres appela La Fayette « le grand général des Feuillants. » Dans les caricatures, on les représenta vêtus à landenne mode, rouillarde au côté, canne à la main, boucles aux lins souliers, trottinant et disant d’un ton pacifique : « On mattend aux Feuillants », tandis que les Jacobins se dépêchaient fiévreusement pour aller sans retard à leur Société, et disaient : « J’y vais aux Jacobins .. Tout va bien (2). »

Corsas cite, en juillet 1791, un quatrain imprimé dans le Journal de la cour et de la ville :

Pour arranger les Jacobins,

Et les Feuillans, autres gredins,

Messieurs, quels moyens sont les vôtres ? — Du canon pour les uns, du bâton pour les autres. « Les Feuillants ou feuilles mortes », lisons-nous dans Carra. On les appela Barnaviens ; on employa l’expression « se feuillan- [1]

  1. (1,1 Orateur du l^euple, t. XII, n" 12. (2) A. Challauiel, Histoire-Musée de la République française, iii-8% 1842, t. I, 1>. 123 et 12i.