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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES

Le déploiement du drapeau rouge au Champ de Mars (17 juillet 1791) combla la mesure. La Fayette, Bailly surtout, perdirent leur popularité.

Aussitôt se forma le Cluh des Feuillants, qui suivit la ligne politique des hommes approuvant la loi martiale, malgré le sang versé par les gardes nationaux que Marat appelait « les mouchards de La Fayette. » Les membres du nouveau club n’admettaient pas que Ton pétitionnât pour la déchéance du roi.

Peu à peu, le Club des Feuillants était devenu le refuge des réactionnaires. Il demeura presque désert, en déclinant de jour en jour, à dater de la mort de Mirabeau, et il s’éteignit après la journée du 10 août 1792. A une certaine époque, il n’y eut plus que oG députés parmi les Feuillants, tandis que, à leur début, ils en comptaient 2Ci. Le Feuillant avait donc disparu dès que les premiers mots de ropubli- (pie furent prononcés, soit dans les assemblées populaires, soit dans la Constituante, soit dans la presse et dans le public. Il se déclara essentiellement « constitutionnel », c’est-à-dire résolu à maintenir la royauté, le pouvoir exécutif de Louis XVI. Lacretelle fit adopter dans son club la devise : « La constitution, toute la constitution, rien que la constitution ! » Le Feuillant espérait que les hommes de la veille et les hommes du lendemain s’accorderaient entre eux. Il tenait par bien des côtés, par des affections profondes à l’ancien régime. Aussi, presque tous les historiens Tont-ils traité de « Jésuite politique. »

Nous remarquons que l’avocat Bouche, constituant, demeurant à l’Hôtel de Valois, rue de Richelieu, a été président des Feuillants, après l’avoir été précédemment aux Jacobins. Nous remarquons encore que les Feuillants fréquentaient beaucoup le café de Valois, au Palais-Royal, café mal famé au point de vue des idées nouyelles’(l). Bouche envoya, le 21 juillet 1791, au Moniteur^ une lettre ainsi conçue :

w Au Itédacleur.

« Il vient, Monsieur, de me tomber sous la main un imprimé intitulé : Société des Amis de la Constitution, de Paris, séante aux Jacobins, rue Saint-Ho7ioré, Paris, I 7 juillet i 79 j, commençant par ces mots : Frères et amis, et finissant par ceux-ci : Autorisés j)ar la loi. Cet imprimé, qui ne contient qu’une page, au haut de laquelle est un fleuron, dans le centre duquel on lit ces mots : Vivre libre ou mourir, (1) Voir plus bas, Cafés.