Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée
19
INTRODUCTION

En 1796, Gracchus Babeuf, rédacteur du Tribun du Peuple, accusé d’attaques contre le Directoire et les conseils, fut traduit devant la Haute Cour nationale, siégeant à Vendôme. Kn juillet 1799, les rédacteurs de onze journaux hostiles au Directoire, surtout à l’abbé Sieyès, furent incarcérés. Le martyrologe de la presse fut presque complet.

De 1789 à 1799, naquirent près de cinq cents journaux ; les uns moururent faute d’abonnés, les autres par suppression, d’autres, enfin, par la mort de leurs rédacteurs.

Personne n’ignore que, malgré l’art. 353 de la Constitution de 1795, le gouvernement directorial frappa non seulement les clubs, qui étaient fermés quand cette constitution parut, mais les journaux et les imprimés de toutes sortes, quand ils lui portaient ombrage.

X

Au Directoire exécutif, composé de cinq membres plus ou moins d’accord ; à un gouvernement transitoire, impuissant et très décrié, lequel cherchait incessamment sa voie, succéda l’autorité d’un général victorieux, environné du prestige militaire, ayant une popularité énorme, et prêt à saisir le pouvoir pour lui seul, — avec deux assesseurs, absorbés par sa personnalité rayonnante.

Un gouvernement quasi monarchique se constitua sous forme de Consulat, composé de trois hommes dont le maître était un militaire, à la fois héros de l’armée d’Italie et du 13 vendémiaire.

Bonaparte, qui s’était dit républicain, déclara, après le 18 brumaire : « Pour gouverner, il faut des bottes et des éperons. » Le Premier Consul renchérit sur le Directoire, dans ses attaques à la liberté de réunion et à la liberté de la presse. Comme Robespierre et le Comité de salut public avaient « ajourné cette dernière liberté jusqu’après la guerre », lui, dont la guerre était l’élément, s’empara de l’idée en se cachant sous le masque de la République.

Un arrêté parut, ainsi conçu : « Les consuls de la République, considérant qu’une partie des journaux qui s’impriment dans le département de la Seine sont des instruments dans les mains des ennemis de la République, etc., arrêtent : Article