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XXXIII

Cela n’empêcha pas les partisans du Club monarchique de poursuivre de leurs sarcasmes les patriotes pendant les premiers mois de l’année 1792. Des conciliabules aristocratiques se tenaient à l’Hôtel de Marigny. Tout leur servait de sujet pour exhaler leur haine. Une brochure était datée ainsi : « Ce 8 février 1792, les assignats perdant 62 pour cent. »

Et on lisait dans le Mercure national : « ... Se dire ami de la Constitution monarchique est un crime de lèse-nation (1). « 

Un peu plus tard, le baron de Wimpfen proposa d’établir une démocratie royale. Le mot réussit, mais non pour longtemps. Les chansons de la Révolution étaient répétées dans le camp des émigrés. On mettait des paroles royalistes sur le Chant du départ., la Marseillaise et la Carmagjiole (2).

Dans VÉpigamie des Brigands ou la Lairomanie ^ satire apologétique-antithétique de la rébellion, dite Révolution de France, on lisait :

Dans un débordement de bile,

Qui fluoit par haut et par bas,

PI uton dégobilla CamzV/e

Et chia Brissot et Gorsas (3).

Le style du Père Duchêne avait passé la frontière. Nous avons dit avec raison que les monarchistes, les premiers, commencèrent à tremper leurs plumes dans le vinaigre, parfois dans le vitriol. Ils pratiquèrent la forme ordurière.

Carra s’émut des agissements, devenus dangereux, des royalistes qui, loin de désarmer, prenaient maintenant l’offensive. Il les signala d’une façon très nette, comme travaillant à organiser des soulèvements :

« Les membres du Club monarchique veulent se réunir au nombre de plus de deux mille. Leur projet est d’imprimer et d’afficher placards. , pétitions^ avis et adresses contre V Assemblée nationale., contre les Jacobins et les sociétés patriotiqu’s en général {A » (1) Mercure national, numéro du 4 janvier 1792. (2) Ma Jeunesse (1814-1830), par le comte d’Haussouville, Paris, 1885, p. 31. (3) Coblentz, 1792, 200 p. 10-8°. Cité par la Feuille de correspondance du libraire année 1792. (Bib. Nat., Q. n» 5097.)

(4) Annales patriotiques de Carra, n» 784, du 25 novembre 1791.