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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES

bles et tiraillés, abuse du droit de se défendre, et veut des mesures répressives. Le coup d’Etat du 18 fructidor (5 septembre 1797) suspend, ou plutôt supprime la liberté de la presse.

En effet, le conseil des Cinq-Cents déclare alors : « Les journaux, les autres feuilles périodiques et les presses qui les impriment sont mis pendant un an sous l’inspection de la police qui pourra les prohiber, aux termes de l’art. .353 de l’acte constitutionnel. y>

D’après un rapport, les journalistes sont les complices de la conspiration royale, auteurs de tous les crimes contre la société et les institutions du pays ; ils reçoivent des articles à insérer ; ils acceptent l’arg-ent des conspirateurs et des contre-révolutionnaires. Il faut les châtier sévèrement et promptement. A cet effet, des visites domiciliaires sont ordonnées. La commission établie pour frapper la presse propose de déporter les propriétaires, entrepreneurs, auteurs, rédacteurs et collaborateurs de soixante-sept journaux, soit à Paris, soit dans les départements. Plusieurs députés, même, opinent pour qu’on les déporte en masse.

Un vote intervint. Quarante-cinq journalistes furent déportés, cinq furent rayés, dix-sept furent renvoyés à nouvel examen. Dupont de Nemours, philosophe, économiste, rédacteur de V Historien^ membre du conseil des Cinq-Cents, ancien député à l’Assemblée constituante, eut son imprimerie détruite. Ne voulant pas être ainsi discuté, il donna sa démission de membre des Anciens, et s’exila volontairement aux Etats-Unis. Barbé-Marbois, l’abbé Sicard, La Harpe, Fontanes, et d’autres écrivains furent déportés ou proscrits. « Convaincu de la réalité de la conspiration, le Directoire décerna des mandats d’arrêt contre les auteurs du Bulletin des armées coalisées^ la Parisienne ^ la Quotidienne (1), le Courrier de’ Paris, le Miroir, le Grondeur^ le Démocrate, les Hommes libres, le Défenseur des princi2)es, la Feuille du jour^ le Nécessaire, le Défendeur de la Patrie (2) ». Les scellés furent apposés sur leurs presses. Le Directoire demanda en outre une loi répressive des abus de’ la presse, ou plutôt contre les polémistes qui le gênaient. (1) Parue pour la première fois le 22 seplenibre 1702, Jour où la Hcpublique avait été proclamée. Cette feuille, souvent supprimée, reparaissait Avec un autre titre.

(2) En vertu de l'article 14i> de la Constitution.