Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée
203
CLUB MONARCHIQUE

agissements des amis de Clermont-Tonnerre, nommé président du Clul) monarchique le 27 janvier 1791,

La veille, un arrêté de la section du Roule, relatif aux menées de ce club, prétendu patriotique^ s’occupa de ses distributions dans différents quartiers de sommes et de cartes pour avoir du pain au-dessous du cours (l). Le journal le Patriote français assura qu’il distribuait, outre du pain, des habits et de l’argent. La feuille de Brissot ajoutait : « On présume que ce club avait quelque part aux placards afhchés pour exciter les habitans du faubourg Saint-Antoine, et que le cruel combat qui a eu lieu hier pour la contrebande (2) avoit un tout autre motif, mais secret (3) ».

Une pièce, avec date du 23 janvier 1791 (4), s’exprime assez longuement sur l’agitation produite par les monarchistes, auxquels elle est favorable.

Nous en extrayons les passages suivants, qui se rapportent aux distributions de bons de pain :

« Je passois ce matin dans la rue des Tuilleries, il y avoit des groupes de pauvres qui tous marchoient vers l’hôtel de Clermont-Tonnerre. Je les suis avec inquiétude ; la porte s’ouvre ; j’entre dans la cour et j’y vois douze cents personnes. — J’interroge, j’écoute et voilà ce que j’entends dire :

(( L’un dit : c’est un aristocrate qui veut faire une révolution, qui appelle des pauvres chez lui pour les faire périr : sa cour est minée, elle va faire sauter et tuer tous les bons citoyens. Je hausse les épaules et je parle à un autre ; celui-ci dit : c’est un aristocrate qui veut faire une contre-révolution ; il nous donne du pain, et c’est avec un million qu’il a gagné à l’Assemblée nationale. — Je souris et je parle à un autre.

« Celui-là me dit : Je ne sais pas ce que c’est ; on a répandu dans toutes les sections qu’il falloit que tous les pauvres vinssent ici, et j’y viens ; je n’en sais pas davantage. — Je réfléchis et je passe à un autre.

«... Vous voyez. Monsieur, que nous ne dispns rien à ces honnêtes gens qui puisse allarmer le patriotisme : vivre libre et ne troubler pas l’ordre^ voilà le seul conseil que la Société joigne à ses actes de bienfaisance. .. »

(1) Arch. Nat., D XXIX’ ;J3, n° ;J39.

(2) Voir l’affaire do la Chapelle, p. 200 et suiv. (3) Patriote français, w 536, «lu 26 janvier 1791. (4) Pourquoi y a-l-il tant de monde chez M. Clermont-Tonnerre ? Pièce in-8" de 3 p. (Bib. Nat., Lb 39/4531.)