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CLUB MONARCHIQUE

qu’elle a éprouvées dans le passage de l’ancien au nouveau régime, s’érigenl-ils en ambitieux sectaires ? Pourquoi s’annoncent-ils comme les fauteurs des opinions oubliées de quelques hommes diffamés qui ont déserté leur patrie au moment où la chose publique étoit en danger, à lïnstant où les dissentions {sic) civiles, qu’ils avoient eux-mêmes excitées, étoient sur le point de la ravager ? Certes, si comme ils osent s’en vanter, leurs intentions sont pures, leur conduite est bien imprudente.

« Comme les missionnaires de toutes les sectes, ils cherchent à séduire par de petites charités, pompeusement distribuées, le peuple qu’ils veulent abuser sur les principes. Ils ont des émissaires dans les 48 sections de Paris, chargés de se concerter avec les commissaires de police, afin de faire distribuer cent livres de pain par semaine aux indigens de la section, à un sou la livre (1). C’est ainsi qu’ils essaient de persuader au peuple que le pain doit être diminué ; c’est ainsi que les conspirateurs de Lyon s’y étoient pris pour tâcher de faire soulever le peuple en faveur des princes ; avec les mêmes principes, ils mettent en usage les mêmes moyens. Les sections ont vu le piège ; ils ont senti tout le danger qu’il y avoit à laisser donner le pain à un sou chez quelques boulangers, tandis que chez d’autres il se vendroit deux sous ; elles ont refusé la lihérarité inof’fîcieusp dea monarchistes. « Citoyens ! défiez-vous de ceux qui, en décriant le patriotisme, viennent à vous les mains pleines ; défiez- vous des principes despotiques qu’ils cherchent à étayer par une bienfaisance illusoire et de pure ostentation. Les monarchistes vous diront, vous écriront, pour se faire valoir, que la société des Jacobins les a attaqués, qu’elle a fait des tentatives auprès des sections de Paris pour dissoudre leurs assemblées. Cela est faux, et l’atrocité est digne de ceux qui l’ont inventée. Les Jacobins reconnoissent que tous les citoyens, même ceux qui sont ennemis de la constitution, ont le droit de se réunir paisiblement et sans armes. Ils ont arrêté de prémunir leurs sociétés affi- [1]

  1. (i) « Le sif^ur Cormier, l’un dfs adeptos de la société monarchiste, s’est présenté, il y a quelques jours, de la pai’t de ses confrères, à la section de la place Vendôme ; après avoir jeté un regard douloureux sur la misère publique, il a vanté la bienfaisance des monarchistes ; il a dit qu’il était autorisé de leur part à offrir chaque semaine à la section une sonnue réglée pour doiuier le pain à. un sou la livre. La section, sur l’avis de M. Le Clerc, a dénoncé cette machination à la municipalité. Cependant, un boulanger de la Chaussée d’Antin a distribué quelques livres de pain sur les cartes de la société : lorsqu’il a voulu réclamer son payement, le sieur Cormier lui a chen^hé chicane ; il lui a reproché d’avoir ébruité la munificence clandestine de la société ; il a fini par lui dire : Allez chercher votre payement rue de Vaugirard. Il y est allé, et n’a pas été plus heureux que chez le sieur Cormier. » (Voir Clnh de l’Hôtel de Massiac.)