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INTRODUCTION

À propos de la presse réactionnaire, il importe de ne pas oublier que les journaux royalistes donnèrent, les premiers, l’exemple du style injurieux et cynique, employé par le père Duchesne. C’est vainement que des historiens ont prétendu le contraire.

Il parut, en 1790, une brochure : de l’Imprimerie du sieur Motier (La Fayette). Et se trouve chez madame Bailly, rue Trousse-Yache. Tout le travail est à l’avenant, rempli d’injures grossières, d’ignobles imputations touchant à la vie privée.

III

Pour défendre l’aristocratie, pour attaquer la démocratie naissante, les journalistes ne manquèrent pas, soldés ou non par les opposants. Leur plume traduisit presque constamment le dédain qu’ils éprouvaient à propos des hommes et des événements de l’époque. Rivarol et Chamfort avaient des imitateurs, qui comptaient trop sur l’esprit pour avoir raison de la vérité palpable, pour amoindrir, dénaturer ou nier les faits les plus évidents.

Le monarchisme, dans la presse, ne cessa de lancer des flèches sur le peuple, au risque de le blesser, parfois avec l’intention de l’irriter et de le porter aux excès. Un mot piquant, une expression ironique, une calomnie dénuée de tout fondement, suffisaient à engendrer des haines redoutables, entretenaient le feu de la discorde, rendaient les émeutes fréquentes, et c’était justement que Danton appelait l’abbé Royou « le Marat de la monarchie », quand l’Ami du Roi, qui commença de paraître le 1er juin 1700, devint tout à fait agressif et violent. On prétendait que le « pape Royou » se cachait au fond d’une cave, en juin 1791, et que son journal se distribuait la nuit.

Les Actes des Apôtres dataient leur apparition de l’An zéro de la liberté. C’était chez la marquise de Chambonas que les rédacteurs de cette feuille tenaient conseil ; Rivarol, Champcenetz, le vicomte de Mirabeau et le Comte de Tilly s’y inspiraient pour vilipender les patriotes. Ensuite, ils faisaient ordinairement leur journal chez le restaurateur Beauvilliers, ou chez Mafs, au Palais-Royal. Dans ces dîners, dits évangéliques, les initiés seuls étaient admis, se mettaient à causer entre eux. Les « apô-