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INTRODUCTION

des droits de la monarchie, de la toute-puissance royale. Ils voulaient faire la contre-révolution par l’intérieur, comme d’autres cherchèrent à la faire par l’extérieur. On les appelait, dans quelques écrits, des « Jacobins blancs ».

En 1789, selon Ferrières, les aristocrates, noblesse, haut clergé, partie du clergé inférieur, parlement, financiers, « s’occupaient des moyens de renverser la Révolution par des manœuvres sourdes et des attaques indirectes : ils formaient des associations, recevaient des signatures, et les bruits qui couraient de guerre civile, de projets de contre-révolution, n’étaient pas tout à fait dénués de fondement. » Souvent les soupçons paraissaient vagues ou sans valeur ; plus souvent ils appelaient la sérieuse attention des patriotes : ils étaient très motivés.

Des clubs politiques existaient depuis longtemps en Angleterre ; chez nous, ils s’ouvrirent dès que les États-Généraux eurent tenu leur première séance, et les clubistes s’efforcèrent d’imiter, de suivre, de contre-balancer les discussions de l’Assemblée nationale. Beaucoup de gens se firent politiciens par patriotisme ou par amour-propre, devançant les députés pour les motions graves et énergiques, blâmant certains décrets, en approuvant d’autres, traitant les questions à fond lorsqu’on les avait à peine effleurées parmi les représentants de la nation, aimant les luttes passionnées qui s’accordaient avec l’état des esprits si prompts à s’émouvoir, si justement ombrageux. « C’est le peuple éclairé de Paris au milieu de journaux et de pamphlets, qui a tout fait », écrit l’agronome et voyageur anglais Arthur Yung.

Remarquons, tout d’abord, que les clubs modérés n’eurent qu’un très faible retentissement dans le public, et que, nonobstant leur prétention à la sagesse et à l’impartialité, ils essayaient en vain de calmer les enthousiasmes populaires. La plupart des amis de la révolution, d’ailleurs, se défiaient de ces sages, de ces impartiaux conseillant au peuple « de n’aller pas plus loin », et refusant d’admettre les conséquences logiques de l’action révolutionnaire. Beaucoup de patriotes détestaient les « enragés de modération. »

Il parut même un projet d’association patriotique sous le nom de Clubs des Amis de la Patrie et du Roi, dont l’objet serait de former entre les honnêtes gens de toutes les classes et de toutes les parties du royaume une correspondance qui aurait