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LA BELLE ALSACIENNE


presque toutes les enfances se ressemblent. Ma petite figure promettait beaucoup ; on entrevoyait dans mes traits, quoique peu formés, des symptômes de beauté. Ma mère, qui sentait de quelle ressource de pareils avantages pouvaient être par la suite, mettait tous ses soins à cultiver mes attraits naissants ; elle faisait un grand fonds sur eux et les regardait comme un acheminement aux aventures les plus flatteuses.

Il y avait déjà quelque temps qu’elle s’ennuyait de la compagnie d’un mari imbécile et du séjour d’une ville qu’elle savait par cœur, lorsqu’elle prit la résolution de changer d’air et de demeure ; elle vint s’établir à Metz : je ne fus pas oubliée, elle m’emmena avec elle ; je faisais une partie, et même la meilleure, des biens qu’elle emportait du lieu de sa naissance.

En arrivant à Metz, ma mère s’était donnée pour veuve ; cette qualité l’obligeait à une certaine décence d’état qui la gênait extrêmement : elle se dégoûta bientôt d’un rôle si peu conforme à ses inclinations. Ces