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LA BELLE ALSACIENNE


exactitude sévère sur la fidélité conjugale. Elle savait trop que chaque chose a ses bornes et que la vertu, poussée à l’excès, peut devenir une imperfection ; c’est ce qui l’engageait à humaniser la sienne. Il serait donc d’une extrême difficulté d’asseoir un jugement certain sur la naissance de ses enfants. Je l’ai pressée plusieurs fois de m’apprendre à qui j’avais obligation de mon entrée à la vie ; mais il ne lui a jamais été possible de m’assurer rien de positif sur cet article, puisque, de son aveu, il existe un doute qui roule sur sept personnes entre lesquelles elle n’ose prononcer ; cependant, pour se faire honneur ainsi qu’à moi, elle me fait descendre du baron de C…, l’un des sept. C’était un Allemand, qu’elle n’avait regardé que comme un oiseau de passage ; je ne le connais que de nom : ma mère, qui faisait assez souvent de ces conquêtes impromptues, était sujette à les perdre avec la même rapidité.

Je passerai légèrement sur les premières années de ma vie, elles n’ont rien d’assez piquant pour la curiosité des lecteurs :